La Place. Dite aussi la Grande Place car il s’agissait en effet de la plus grande de cette ville d’Im. Une bonne dizaine de rues débouchaient sur la Place, certaines jonchées de détritus, d’autres brillantes presque de propreté tandis que dans les dernières, se mêlaient toutes les classes sociales possibles et imaginable : les quartiers marchands.
Ainsi à la croisée des chemins, Loweleï leva la main. Aussitôt, tous les convois qui la suivaient s’arrêtèrent.
Commença à descendre des caravanes, des dizaines de personnes, marchands, voyageurs, cavaliers et chevaliers. La plupart étaient Imiens de naissance, d’autre reflétaient le charme des Terres de F’len.
Loweleï se détourna du bourdonnement intense que faisaient les différentes caravanes et leva les yeux au ciel en voyant les badauds surexcités s’attrouper près des nouveaux venus. Les bousculades commencèrent, suivies de cris provenant de voyageurs s’apercevant que leur bourse venait de se volatiliser. Les chevaux hennirent nerveusement, l’anarchie gagnait peu à peu les convois.
Loweleï s’adressa au capitaine de la garde.
- Faites quelque chose, bon sang ! Nous avons besoin d’un minimum de calme pour régler nos affaires !
L’homme, véritable armoire à glace, lança quelques ordres à ses subordonnés avant d’éloigner à force de cris les passants devenus vraiment trop nombreux. Le calme revint peu à peu sur les différents convois.
De son statut de chef de la compagnie, Loweleï passa le reste de l’après-midi à passer chez les différents marchands qui lui devaient encore de l’argent. Les voyageurs F’lénois et Imiens avaient déjà payé avant le début du voyage. Aussi disparurent-ils de la Place sans demander leur reste. Loweleï paya ensuite les différents chevaliers qui avaient composé l’escorte des caravanes.
Les cloches du Château sonnèrent. Le travail de jour était terminé. Les commerçants s’éloignèrent les uns après les autres. Les badauds disparurent quasi-instantanément. Quelques personnes traînaient encore sur la Place. Loweleï poussa son cheval vers la fontaine et s’assit sur le rebord, poussant un grand soupir...
Voilà comment se passait la fin d’un voyage entre F’len et Im.
Cela faisait une semaine que Loweleï avait quitté la cité de F’len. Le voyage s’était passé sans imprévu et la princesse d’Im n’était pas mécontente de se retrouver dans sa ville natale.
Le soir n’allait pas tarder à arriver, Loweleï ne pouvait rester là toute la nuit. Du coin de l’œil, elle remarqua quelques vieilles femmes qui discutaient à l’aide de grands gestes amples, des enfants jouaient à poursuivre un chat, les oiseaux se chamaillaient pour quelques miettes de pain. Qui aurait cru que quelques heures plus tôt, près de quatre-vingts personnes venaient d’entrer sur la Place ?
Exténuée, elle remonta sur sa selle, notant au passage, un homme, capuchon rabattu, qui ne semblait pas connaître les alentours...