Terres de F'len, pays d'Im
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Un monde à peine exploré n'attend que votre imagination pour exister...
 
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 Journal de Bord - Cael udrim

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Cael Udrim
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Cael Udrim


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MessageSujet: Journal de Bord - Cael udrim   Journal de Bord - Cael udrim Icon_minitimeVen 4 Jan - 2:35

Journal

Chapitre I : première chasse


-Allez, dis moi ! Je veux savoir ! S’il te plait, dis le moi ! Allez papa !
-Tu verras quand on serra arrivés ! Je ne vais pas te le répéter, une surprise est une surprise !
-Un minotaure des neiges ? Un troll des montagnes ?
-Tu vas chercher longtemps ! Patiente simplement, et demain, tu sauras. Il y a environs huit heures de marche avant d’arriver vers leurs terres de chasse. Allez, vas vite vérifier si tu n’as rien oublié, si tu traîne trop, le groupe partira sans nous ! File !

Cael ne se fit pas prier. Il regagna la maison, recupera son paquetage, qu’il avait laissé vers l’entrée, embrassa sa mère, couru vers le groupe de chasseur, qui s’apprêtait à partir. Les derniers préparatifs enfin terminés, le groupe commença la marche. Les chasseurs allaient rapidement, habitués aux terrains de montagne, et Cael était des fois obligé de trottiner pour rattraper son père. Il était de coutume de commencer à chasser dès l’âge de sept ans, d’abord accompagné, jusqu’à l’âge de 16 ans. Une fois cet âge passé, et après quelques épreuves, l’enfant devenait homme et pouvait alors partir en solitaire. Mais il faudrait attendre encore dix ans à Cael pour parcourir seul le pays.

-Une vouivre ! Un béhémoth !
-Cherche encore, et tu finiras bien par gâcher la surprise !
-J’espère bien ! Un lutin des glaces ! Un Drake ! Un Ettin des neiges !
-Toujours pas !
-Alors une guivre !
-Le jour où tu tueras une guivre, je m’incline devant toi !
-Garde bien en mémoire ce que tu as dit, ce jour viendra !
-Je disais ça aussi à mon père, et ce jour n’est jamais venu !

Tyr allongea ses foulées et accéléra l’allure, afin de semer Cael, qui commença à courir pour le rattraper. Décidément, rien ne servait de discuter, il n’en faisait qu’à sa tête. La liberté était un trésor, et chacun pouvait faire ses proches choix –tant qu’on en assumait les conséquences- mais l’enfant pouvait être pénible à ses heures.

Lorsque le groupe arriva a destination, les ombres commençaient à s’allonger. Le bivouac fut dressé, et des feux furent allumés. Une fois le campement terminé, les chasseurs se retrouvèrent autour du foyer principal, pour la collation du soir. Chacun fit rôtir sa pièce de viande, et les miches de pain faites au village furent fendues. Le repas une fois terminé, les conversations allèrent bon train à propos de choses diverses, de la chasse du lendemain. On parlât équipement, armes, chasses, techniques de trappe, jusqu’à ce que Leir, un chasseur et ami de Tyr, ne s’exclame : « Par l’Ours ! Je manque à touts mes devoirs ! Tyr ! Où est ton fils ? C’est bien sa première chasse, non ? Est-ce qu’il a un gardien ?
-Leir, je te l’ai déjà dit, c’est idiot de prendre tant de risque pour une bête coutume.
-Une coutume ? Tu m’insultes, Tyr, je pensais que tu accordais plus d’important aux traditions de nos ancêtres. Si c’est sa première chasse, Cael doit avoir un gardien. Et c’est moi !
-Ne fais pas l’idiot, tu vas y rester. C’est dangereux, tu le sais bien.
-Alors qui le fera ? Personne d’autre ne le veut ! Même pas toi ! C’est parce qu’il n’y a que moi capable de le faire !
-Eh, n’exagère pas tout de même. Tu as peut-être tué à toi tout seul quatre loups, cela ne te rend pas pour autant invincible ! C’est d’un griffon de givre dont on parle maintenant ! »

Cael savait désormais l’objet de la traque. Un griffon de givre était un sacré morceau, et en tuer un à plusieurs était déjà ardu, alors de là on se proposer gardien contre un griffon, c’était de la folie !
Selon les traditions, lors de la première chasse d’un enfant, un des chasseurs, souvent un ami de la famille, ou un cousin, se portait volontaire pour être le gardien de l’enfant. Ce titre ne signifiait pas qu’il devait protéger l’enfant lors de la chasse, mais qu’il devait combattre à lui seul l’animal.

-Je serais son gardien, et j’aurais ce griffon, personne n’ose le faire ! Restez à chasser des lapins !
-Très bien, vas-y, et reviens avec la dépouille, ou ne reviens pas !

Ce soir là, c’est le cœur lourd et les sourcils froncés que les hommes s’endormirent.

Le lendemain, Tyr et deux hommes allèrent relever les collets. Sur les six lapins pris, ils en gardèrent la moitié pour le repas, et attachèrent les autres à des arbres, plus au Nord, aux abord d’une grotte, pour les éventrer, avant de rentrer au bivouac. Là, les hommes se préparaient à la chasse, principalement Leir, qui affûtait ses couteaux. Tyr le rejoint bientôt, afin de l’informer de l’organisation de la chasse.

-On a disposé des lapins vers la sortie de la grotte. Dans environs une heure, le griffon sortira pour chasser. Et là, tu devra l’abattre.
-Je le sais bien. Je n’ai pas pris ce choix à la légère, tu sais. Tout bien réfléchi, je pense que je suis capable de le tuer.
-Tu penses ? J’espère que tu seras plus sûr le moment venu. Tu sais bien que je n’interviendrais pas.
-Et j’y compte bien !
-Ne ris pas trop…

Leir fis mine de s’éloigner, quand Tyr le rattrapa, et lui mit une tape sur l’épaule.

-Eh… La force de l'Ours soit avec toi…et bonne chance.

Les hommes levèrent le camp, et plièrent bagage. Quand la chasse serait terminé, ils prendraient une légère collation avant de repartir vers le village, où là ils feraient un vrai repas en l’honneur du chasseur… ou en hommage à sa personne.



Leir planta son épée dans le sol et attendit, assis sur une souche morte. Un grognement dans la grotte présageait que la bête allait bientôt sortir. L’homme se chauffa les doigts, puis ré enfila ses gants, et saisit son épée. L’animal marchait droit sur lui. Fort de ses deux mètres vingt, et de sûrement 600 livres, le griffon toisait l’intrus qui se dressait à la sortie de sa tanière.
La bête banda ses muscles, plissa les yeux, et déploya ses ailes, signe d’agressivité et d’hostilité. Leir, quant à lui, leva son épée et se mit en garde haute, prêt à en découdre. Mais lorsque la bête bondit sur lui, aussi vite que la foudre, il n’eut même pas le temps de frapper. Il fut projeté contre le tronc d’un arbre, trois mètres dernière lui. Se ressaisissant à peine, il n’eut le temps que de relever son épée quand la bête réattaqua. Celle-ci lui échappa des mains, alors qu’il encaissait un deuxième coup puissant, qui l’envoya s’écraser dans la neige. Suffoquant, il se redressa, titubant, pour prendre un troisième coup de patte dans l’abdomen, qui le cloua au sol. Sonné mais vivant, il attendit le dernier coup, qui ne vient pas. La bête tournait autour de lui, hésitant à encore l’attaquer ou à le dévorer de suite.

-Mais il va se faire manger ! Il faut l’aider ! Pourquoi tu fais rien, papa ?!
-Si je le sauve, sa blessure sera dans son cœur, et encore plus profonde encore.
-Mais si tu ne fais rien il va mourir.
-On meurt tous. Mais la mort viens plus vite pour certains.
-Si tu ne fais rien, je vais l’aider moi !

Cael voulut avancer, mais il fut attrapé par son père, et maintenu au sol. Il arrêta vite de se débattre, et s’assit, des larmes dans les yeux.

La bête, quant à elle, décida enfin qu’elle pouvait dévorer sa proie. Elle s’avança vers l’homme, et s’apprêta à goûter le pieds de sa victime, quand un son guttural, semblable à un grognement d’ours, sortit de la bouche de cette dernière. Suspicieuse, la bête recula de quelques pas, dardant un œil irrité sur son adversaire, qui aurait déjà du être mort, et avalé. Mais celui-ci, se relevait, dans une respiration rauque, et pourrant des grognement de temps en temps. Une fois relevé, il poussa un hurlement de défi, les yeux d’une couleur jaune brillant, et les dents de plus en plus affinées.

Un murmure courut parmis les chasseurs, plus haut, au dessus de la grotte.

-Eh, papa, il se passe quoi ?! Leir est tout bizarre, on dirait qu’il est habité par un ours !
-Par touts les esprits…
-Quoi ?! Qu’est-ce qui se passe ?! C’est grave ?!
-Je n’en sais rien. Il fait corps avec l’esprit de l’Ours. Je ne connais ça que par des comptes !

Leir, désormais parfaitement réveillé, faisait les cent pas, tout comme les griffons. Les deux êtes tournaient dans un cercle, prêts à bondir l’un sur l’autre au moindre mouvement de faiblesse. L’homme pu ramasser son épée, qui traînait dans la neige, et poussa un second rugissement, avant de foncer sur la bête. Celle-ci, prise de vitesse, sentit la morsure de l’acier dans son aile droite. Elle voulut attaquer sur l’autre côté, mais sa patte n’atteignit que l’épée, entaillant profondément la chair. Leir profita de son avantage pour frapper, coupant net l’aile gauche, qui tomba au sol. Le griffon, sous la souffrance, recula rapidement, pour son plus grand malheur. Dos à la paroi rocheuse, il était acculé. Ivre de douleur et de rage, il grogna, avant de tenter une ultime attaque. Il se jeta tout entier sur l’homme, gueule grande ouverte, décidé à fracasser la tête de son ennemi. Leir rugis, et frappa d’un coup d’estoc, de toutes ses forces. Le griffon, dans son élan, s’effondra sur le chasseur, mais ne pu le frapper. En effet, la lame avait transpercé son poitrail, et la pointe de l’épée ressortait dans le dos de la bête.
Leir se dégagea non sans mal du cadavre de l’animal, et, couvert de sang, poussa un rugissement qui retentit entre les monts. Peu à peu, ses yeux reprirent sa couleur normale, et ses dents redevinrent d’une taille et d’une forme commune, tandis que les chasseurs arrivèrent pour le congratuler et l’applaudir.

-Ah ! Tu vois, c’était possible papa ! Plus tard, je communierai avec l’Ours, et je chasserais les guivres !
-J’ai du temps encore avant de m’incliner devant toi…
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MessageSujet: Re: Journal de Bord - Cael udrim   Journal de Bord - Cael udrim Icon_minitimeDim 6 Jan - 23:49

Journal

Chapitre II : Révélations


Cael ramassa l’épée qui venait de lui glisser des mains, et recommença à la polir, à l’aide de peau de minotaure des neiges. Il continua d’astiquer la lame jusqu’à ce qu’elle brille de milles feu, à la lueur de l’astre du jour. Une fois cette tâche terminée, il graissa l’arme, afin qu’elle ne rouille pas, en prévisions des jours humides qui s’annonçait. En effet, son dixième hiver allait arriver, et il fallait se préparer pour tenir, lorsque les cols seraient bloqués par la neige. L’enfant termina enfin sa besogne, et rengaina la lame dans son fourreau, avant de rentrer à la maison. Celle-ci se dressait quelques mètres plus loin, à l’orée des bois de pin.

Cael poussa la porte, et entra. Dès ce moment, la chaude atmosphère du logis l’entoura, et il se dirigea vers la cheminée, source unique de chaleur de la maison.

-Papa ! Maman ! Je suis là !

Il trouva son père assis sur un fauteuil en peau de bête, en train de sculpter un bout de bois, tout en discutant avec sa mère.

-J’ai terminé, elle est propre, toute graissée, et prête à passer l’hiver dans son fourreau
-Merci Cael, va la poser sur la cheminée.
-Je me suis toujours demandé ce que voulait dire ce signe, au bout du pommeau… On dirait des armoiries, mais je n’en connais pas beaucoup… Tu sais ce que c’est ?

La chaude atmosphère était envolée. Dès que les mots eurent finit de sortir de la bouche de Cael, une chape de plomb s’abattit sur la famille. Les deux parents se fixaient des yeux, comme s’ils se questionnaient, se demandant ce qu’ils devaient dire. C’est Freya qui rompit le silence.

-Il a le droit de savoir

Tyr accepta d’un hochement de tête, et sortir son fils, tout en le suivant. Une fois dehors, les deux personnes s’assirent sur un trop, entreposé à l’extérieur de la battisse.

-Dis moi Cael, que sais tu des Profanateurs ?
-Euh… Ce sont des histoires, qui racontent qu’un peuple mauvais asservissait les autres
-Très bien. Mais ce ne sont pas que des histoires. Il y a bien longtemps, c’était la réalité.
-Impossible, nous sommes tous libres ! C’est évident, non ?!
-Le monde ne sa limite pas aux monts. Plus on s’éloigne du village, vers le Sud et l’Ouest, on descend peu à peu, et on finit par arriver dans les basses terres. C’est là qu’étaient les profanateurs. Ils s’étendaient de la fin des montagnes jusqu’au bout de tout l’Ouest. Ils tuaient des enfants qu’ils capturaient pour leurs dieux sanglants. Mais les esprits furent choqués, et firent ressortir un immense marais, qui les chassa le plus loin possible.
-Et alors ? Pourquoi me raconte tu ça ?
-Eh bien parce que l’épée viens du pays des Profanateurs. Tout comme toi. Laisse moi te raconter. Les skaalds avaient eut une vision : le Corbeau leur demandait de chasser des humains, à L’Ouest alors avec Leir et Gunnar, nous sommes partit. Nous avons marché longtemps, très longtemps, pour enfin trouver les ennemis qui préoccupaient le Corbeau. Et tu en faisais partie.
-Moi ? Ce n’est pas drôle… Je ne devais même pas être né.
-Si tu l’étais, mais tu n’étais pas haut comme trois pommes
-Si j’étais si petit, pourquoi être un ennemi ? C’est idiot !
-Tu n’étais pas un ennemi. Tu avais été envoyé pour être tué.

Cette révélation asséna un violent choc moral à Cael. Tout ce qu’il croyait être, tout ce à quoi il se référait, tout cela, ce n’était pas vraiment ses bases. La personne qui se tenait devant lui n’était pas son vrai père, et la femme qui s’occupait dans la maison n’était pas sa vraie mère. Et il apprenait que ses vrais parents s’étaient débarrassés de lui en le faisant tuer.

-Mais alors, qui était mon père ? Et ma mère ?
-Je n’en sais rien. Toujours est-il que après t’avoir sauvé des ennemis, on a remarqué, ta mère et moi, que tu avais un médaillon, où étaient inscrit ton nom et ton prénom. C’est tout.
-Donc, tu n’es pas mon père.
-Pas vraiment. Mais si je le suis dans ta tête, alors c’est bon. C’est le plus important pour moi
-Très bien. Tu es mon père d’Esprit. Mon père de sang est ailleurs.
-Parfait
-Et mon nom ? Je ne m’appelle donc pas Cael Tyrson ?
-Cael Udrim… C’est ton nom.

L’enfant songea. Comment un nom pouvait vous paraître complètement étranger, alors que c’était le vôtre ? La vie lui réservait beaucoup de surprises.

-Et l’épée ? Où l’as-tu eut ?
-Elle était à un des ennemis qui te gardait. A leur capitaine, pour être précis. Quand la bataille fut terminée, je l’ai prise dans les décombres. Quand je ne serais plus, elle sera à toi. Maintenant retrons.
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MessageSujet: Re: Journal de Bord - Cael udrim   Journal de Bord - Cael udrim Icon_minitimeSam 12 Jan - 2:10

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Chapitre III : Le Sanctuaire de l’Ours


-Bon sang ! Mais c’est pas possible ça ! Quelle poisse ! Rah mais ça m’énerve ! Par le sang !

Tyr ponctua ses phrases –plus semblables à des cris qu’à des phrases- de coups contre les murs, et le mobilier. Il continua ainsi à pester, grogner, et ruminer sa colère pendant quelques minutes, assit sur un tabouret fait d’une souche, dans l’âtre, avant que sa femme arrive, réveillée par tout ce boucan.

-Eh bien, que se passe-t-il ? Cael dort, et je dormais déjà, alors peux-tu me dire ce qui nous vaut ta colère ce soir ? J’aimerais bien aller me recoucher !
-C’est rien
-Pour un « rien », ça a l’air de bien t’ennuyer…
-Et le mot est faible…
-Bon, dis moi ce qui te tracasse, et après, je te donnerais des meilleures raisons de gémir.

Cette allusion perverse réussit à redonner un léger sourire au chasseur, qui, avec un espoir fugace, se leva de son tabouret. Malheureusement, il fut tout de suite repoussé par sa femme, qui avec un sourire mutin lui glissa à l’oreille : « d’abord tes soucis, et ensuite le réconfort… » Tyr essaya tout de même d’obtenir les faveurs de son épouse en lui baisant la main, mais il ne reçut qu’une petite tape sur la joue en retour. Décidément, les femmes avaient le pouvoir de plier n’importe qui, aussi fort qu’il soit…

-Bon très bien… J’ai perdu mon épée…
Freya eut un sourire condescendant, et entraîna son époux sur un fauteuil, où ils se lovèrent l’un dans l’autre.
-C’est tout ? Ce n’est que de la ferraille… Tu en trouveras bien une autre…
-Mais c’est déjà le début du printemps, et il me la faudra pour les raids. Tu sais bien que des que les cols sont libérés, les convois redoublent d’importance. Et de toute manière, j’ai promis à Cael de la lui donner plus tard.
-Très bien, je t’aiderais à la chercher, j’espère que tu ne l’as pas égarée trop loin…
-J’étais vers la route de Varanjar, je pistais un dain, quand j’ai marché sur un terrain trop abrupt, et la terre n’était pas encore très sèche. Je me suis retrouvé quelques mètres plus bas, sans mon d’épée, et quand je suis remonté, aucune trace d’elle !
-Bon, ça ne devrait pas être trop dur à la retrouver. Demain nous irons chercher. Maintenant, chose promise, chose due…

Freya se leva, et, avec un sourire mutin, tira son époux dans leur chambre…



La journée du lendemain s’annonçait magnifique. Le couple s’était levé à l’aube, et après un repas frugal, s’était mis en route sur la route de Varanjar, décidé à retrouver l’épée. Ils marchèrent deux heures, avant d’arriver vers une bifurcation, où pour continuer, il fallait traverser à gué une rivière. Tyr observa les arbres, huma l’air, et regarda le paysage, tentant de se rappeler l’endroit de sa chute, afin de ne pas chercher inutilement à certains endroits trop éloignés. Après quelques déplacements et une dizaine de mètres plus loin s’étendait une butte, trouée d’entrée de terriers de marmottes, qui descendait de plus en plus abruptement avant de rejoindre le cours de la rivière et de s’adoucir. Sous les injonctions de Tyr, le couple se dirigea vers cette direction.

-Il me semble que c’est ici…

Le chasseur glissa sur une motte de terre fraîchement retournée, et s’étala de toute sa longueur dans la pente, pour dégringoler jusqu’à ce qu’il puisse s’arrêter, et enfin se relever.

-Je confirme, c’est ici.

L’homme gravit à nouveau la pente, veillant à faire attention là où il mettait les pieds, et arriva peu à peu vers sa compagne, restée en haut de la butte. Ils déposèrent leurs affaires, et s’apprêtèrent à commencer les recherches, quand ils attendirent une voix dans leur dos, venant de plus loin, vers la route. Le couple se retourna, pour tomber nez à nez avec Cael, dévalant le paysage à toute allure. L’enfant les rattrapa en quelques minutes, et souffla un peu.

-Hey, attendez moi ! C’est pas sympa de partir sans moi, quand vous vous baladez !
-Bon sang Cael, qu’est-ce que tu fais là ?! Ta mère et moi sommes partit depuis trois heures, et nous t’avions laissé comme instruction de t’occuper. Et comment nous as-tu trouvé, à ce propos ?
-Bah je vous ai posté, ça parait logique, non ? Et là je m’occupe, donc il n’y a rien de grave…

Freya eut un léger sourire, en apprenant que son fils avait réussi à suivre à sa trace son mari. Les enfants grandissaient bien vite…

-Bon, puisque tu es là, tu vas pouvoir nous aider à retrouver l’épée de ton père…
-L’épée ? Tu veux dire celle des profanateurs ?
-Oui oui, celle là. Ton père l’a égarée hier par ici, et on doit la retrouver. C’est dans nos cordes, non ?
-Pas de problème M’man, je vais aller voir vers la rivière. Qui sait, elle est peut-être tombée dedans…

Les parents n’eurent pas le temps de dire mot que déjà l’enfant dévalait la butte, évitant adroitement les sorties de terrier. Il continua sa descente, et approcha du cours d’eau. D’un bond, Cael se jeta sur une pierre plate, au milieu de la rivière. Ne voyant rien dans l’eau, il continua de descendre le torrent, sautant de pierre en pierre avec adresse. Au fur et à mesure qu’il avançait, il perdit ses parents de vue, sans pour autant s’en inquiéter. Il passa méandre sur méandre, avançant toujours plus vite, et espérant trouver un reflet métallique dans les rochers, qu’il en perdit rapidement la notion du temps. Peu à peu, l’astre du jour descendait et les ombres s’allongeaient, en même temps que le courant de l’eau augmentait et qu’un grondement s’emplissait. Avançant toujours, Cael comprit enfin qu’il se précipitait dans une cascade. Se reprenant, il opéra un demi-tour rapide, mais glissa sur la roche, et tomba dans l’eau. Cette dernière, glacée, lui coupa la respiration violemment, et commença à l’entraîner vers la chute d’eau. L’enfant, secoué, n’arrivait pas à se reprendre, ni à s’accrocher aux rochers, trop glissants à cet endroit. De plus en plus gelé, il encaissait les chocs avec les cailloux dans les épaules, les hanches, et les jambes. Pour éviter de se briser un membre, il se recroquevilla en boulle, et se laissa emporter vers la cascade.
Au fur et à mesure qu’il en approchait, le ronronnement de l’eau se faisait de plus en plus présent, s’ajoutant aux clapotis de l’eau autour de lui. Il aperçu enfin la cascade, et se prépara à tomber.

L’enfant descendit de quatre mètres d’un coup. Le fond n’était pas très profond, et par conséquent, il ne tapa pas contre les rochers. L’eau le portait là où elle voulait, le faisant monter et descendre à la guise des remous, jusqu’à ce qu’il arrive, dans un effort désespéré, à nager en dehors de la chute. Lorsque sa tête émergea de l’eau, il ne reconnaissait plus l’endroit : au lieu de forêts et de vallons, il se trouvait dans une grotte. Cael nagea jusqu’au bord, où il se séchât tant bien que mal. Une fois un peu mieux, il observa l’endroit où il était : sa grotte, assez large et haute de plafond, dont le sol s’abaissait peu à peu, et l’eau remplissait cette cuvette naturelle. La cascade, quant à elle, faisait un mur d’eau qui, à moins de vouloir se noyer, empêchait toute sortie. L’autre partie de la grotte s’enfonçait sous terre, le chemin se rétrécissant, mais laissant assez de place à Cael pour passer.
Celui-ci, ne voulant pas tenter une autre noyade, opta pour le chemin souterrain. Il s’engagea sous terre. Au fur et à mesure qu’il avançait, il voyait de mieux en mieux, et le conduit se réchauffait peu à peu. Il déboucha enfin sur une salle souterraine.

Les extrémités de la salle étaient percées de trous, d’où sortaient de la fumée, qu’on pouvait facilement voir grâce aux puits à lumières, taillés dans le dôme. Au centre, sous ce dernier, se dressait une stèle de pierre, couverte de motifs imprécis à la fois incompréhensibles et bizarrement familiers à Cael. Mais ces motifs ne le préoccupèrent que peu, car dans la stèle était plantée l’épée de son père.

L’enfant courut rapidement vers l’arme, qu’il voulut, assez stupidement, sortir de la roche. Dès qu’il posa sa main sur le pommeau, il sentit une décharge électrique dans la main, qu’il retira aussitôt. Dès qu’il eut lâché l’arme, une voix résonna dans sa tête :

« Elle n’est pas prête. »

Cael attendit un petit moment, et réessaya. La décharge lui secoua encore le bras, et la voix parla à nouveau dans sa tête. Il patienta encore quelques temps, puis réessaya, en vain. Par dépit, il s’assit à côté de la stèle, et essaya de déchiffrer les inscriptions. Il avait l’impression de comprendre, et la seconde d’après, tout ce qu’il tentait de lire ne voulait rien dire. Frustré par cet échec, il s’éloigna de la stèle, décidé à revenir le lendemain, quand la voix résonna à nouveau.

« En est tu digne ? »

Cael parla à voix haute, et répondit à la voix. Mais la encore sans succès. Alors, dans un sursaut de lucidité, il comprit ce qu’il devait faire. Il pensa sa réponse, et là alors la voix l’écouta. Celle-ci lui assura que s’il se montrait digne de l’épée, elle serait à lui. L’enfant, quant à lui, adopta un ton de défi, et, intérieurement, affirma que cette épée était sienne. Un dernier « Nous verrons… » Retentit dans le crâne de l’enfant, avant que la terre ne se mette à trembler…

Quelques mètres derrière la stèle, les deux cheminées commençaient à vomir de la lave en fusion. Au fur et à mesure que celle-ci sortait, elle se cristallisait, et formait diverses parties, qui commençaient à s’assembler pour donner une jambe rudimentaire. Par on ne sait quelle magie, les cristaux de laves, luisants de reflets rouges et noirs, s’élevaient pour constituer la créature. La chaleur qui se dégageait de celle-ci faisait ondoyer l’air autour de lui, tandis que les derniers cristaux de laves achevaient de former la créature.

L’élémentaire ondoyant, désormais complet, avança sa première jambe vers l’enfant, et leva les bras. Des étincelles commencèrent à se former dans les mains de la créatures, et continuèrent de se condenser, jusqu’à donner une véritable boulle de feu. Sachant que cette chose était pour lui, Cael se prépara à esquiver l’assaut. Lorsque la boule décolla, il plongea sur le côté, évitant ainsi une mort par brûlure. Il s’apprêta à se relever, quand la voix parla encore dans sa tête :

« En es tu digne ? »

Comprenant enfin la phrase de l’énigmatique voix, Cael se releva, et courut vers la stèle. Arrivé devant elle, il tendit la main, d’abord timidement, pour toucher le pommeau, puis, voyant qu’aucune décharge ne venait, empoigna l’épée. Avec toute sa force et sa volonté, il tira sur l’épée, qui sortit de la stèle avec une note métallique. Le combat pouvait véritablement commencer.

L’élémentaire ondoyant, conscient que la lutte serait légèrement plus dure, commença à lancer d’autres boules de feu sur l’enfant. Cael, préparé, n’eut aucun mal à esquiver les deux premières, mais la troisième fondit sur lui avec une vitesse telle qu’il ne pu se baisser. Dans un dernier élan désespéré, il leva sa lame, comme pour parer un coup. A son grand étonnement, et sûrement celui aussi de l’élémentaire, L’épée absorba la boulle de feu, et aussitôt, fut emplie d’une couleur rouge, comme si le feu était emprisonné dans l’acier.
Cael décidé à ne plus subir les assauts de son ennemi, passa à son tour à l’attaque. L’épée était un peu lourde pour lui, mais il réussit à frapper un grand coup de taille, qui malheureusement ne faucha que du vide. L’élémentaire profita de cette attaque ratée pour contre-attaquer : il leva les bras, voulant broyer l’enfant par le haut, mais Cael fut plus rapide : il planta sa lame dans ce qui devait être le cœur de la créature. Il y eut une gerbe d’étincelles blanches, et l’élémentaire fut propulsé en arrière, avant de s’effondrer, le buste percé.

La voix résonna dans la tête de Cael, le félicitant. En retour, l’enfant remercia la voix, et la salua.

-Bon, maintenant il ne me reste plus qu’à sortir…
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Cael Udrim
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MessageSujet: Re: Journal de Bord - Cael udrim   Journal de Bord - Cael udrim Icon_minitimeMar 29 Jan - 23:49

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Chapitre IV : Rage sabot-fendu


Après ses péripéties dans la grotte, qui s’était révélée être en réalité de sanctuaire de l’ours, un lieu sacré et en principe inviolable, Cael commença à se faire une relative renommée. Pour son jeune âge, il montrait des trésors de talent dans les domaines de la traque et du maniement de l’épée. D’abord avec son père, puis de plus en plus seul, il s’investi avec une forte motivation dans le milieu de la chasse, cherchant de plus en plus de créatures dangereuses à pourfendre. Plus les années passaient, plus son palmarès de bêtes chassés augmentait, si bien qu’à l’âge de dix-sept ans, il comptabilisait une foule d’ours, de loups, un géant qu’il avait abattu avec son père, et bien sur l’élémentaire ondoyant, dont il se gardait de parler. Et plus il chassait, plus le défi d’une bête plus dangereuse le hantait, jusqu’au jour où un chasseur revint en courrant au village, annonçant que Rage sabot-fendu revenait chasser dans les contrés avoisinantes. La foule eut d’abord un soupir s’appréhension, puis, au fur et à mesure que les hommes se lançaient des quolibets, des cris de défis montèrent dans le village. Ce mythique minotaure était une proie qui amènerait renommée et respect à celui-ci qui réussirait à le vaincre.

Cael et son père rentrèrent chez eux un moment après l’annonce, et aussitôt arrivé, s’installèrent dans les deux fauteuils, vers la table en chêne.

-Bon, demain, toi et moi, nous avons rendez vous avec la gloire. Sabot-fendu ne tiendra pas longtemps.
-Pas de problème P’pa, mais tu sais où il se trouve exactement ? Et avec cette agitation, on risque d’avoir pas mal d’autre personnes dans les pattes. Les battues, c’est pas pour moi…
-Ni pour moi, je sais bien. Mais ce coup-ci, j’ai la solution. Je sais exactement où le minotaure sera. J’y suis déjà allé, mais il m’avait échappé.
-Tu l’as déjà chassé ? C’était il y a combien de temps ?
-Oula ! J’étais jeune à l’époque, un peu comme toi, je voulais me faire un nom… Mais j’étais trop orgueilleux, et j’ai failli y passer. J’ai cherché pendant une nuit durant, pour découvrir où là bête dormait, et j’ai posé un piège, pensant cueillir le minotaure. Lorsque je suis arrivé, je l’ai vu sortir, s’entailler la patte dans mon piège, et s’en ficher comme d’une guigne ! Ensuite, je l’ai attaqué, et crois moi, ce jour là je devais être chanceux, sinon je serais mort !
-Donc tu sais où il sera. Et ce coup ci, tu ne le rateras pas.
-Bien dit !

Les deux personnes allèrent se coucher, une dure journée les attendant le lendemain.
Ce lendemain ne tarda pas, et père et fils se levèrent, et partirent en hâte du logis, désireux de trouver Rage sabot-fendu avant les autres. Ils marchèrent à une allure soutenue, élaborant en chemin un plan d’attaque sommaire, et arrivèrent enfin en vue du repaire de la bête.

-Bon, tu te souviens Cael, tu reste caché derrière les rochers, je l’attire, et toi, par derrière, tu lui tranche la gorge. Ce sera rapide, et efficace.
-Aucun problème, je me mets en place.

Le jeune homme alla derrière quelques affleurements, tandis que son père se postait à l’entrée de la grotte, hache et bouclier dans les deux mains. Une goutte de sueur perla sur le front de Cael, alors qu’il s’apprêtait à combattre.
Une dizaine de minute passa, et Tyr commença à pousser des cris de défi, incitant le minautore à venir. Peu à peu, on entendit des renâclement et des bruits de sabot : la bête chargeait à une vitesse folle.
Cael n’eut le temps de comprendre que son père allait finir en charpie, que celui-ci était déjà aux prises avec l’animal. Ce dernier avait déjà fracassé le bouclier du chasseur, et l’envoyait valser à coup de patte. Le jeune homme, fou de rage, charge l’animal dans son dos, et planta sa dague dans le cuir de celui-ci, lui arrachant un cri de surprise, qui précéda une ruade violente. Cael fut projeté trois mètres plus loin, avec une vive douleur dans les côtes. Il eut une respiration rauque, cracha du sang, et se releva, les yeux d’une couleur jaune, empreint de bestialité, et poussa un hurlement sauvage, avant de réattaquer. Il arriva dans le dos de la bête, qui hésitait sur le choix de sa cible, et lui asséna un violent coup d’épaule dans l’échine, si bien que l’animal plia un peu sous l’assaut. Cael profita de ce déséquilibre pour prendre le minotaure aux épaules, et le renverser sur le dos, enfonçant encore plus la dague restée fichée dans le cuir. Les muscles bandés, et habités par une force inhabituelle, il plaqua Rage sabot-fendu sur le sol, et le roua de coup. Celui-ci commença à se débattre pour se relever, mais le jeune homme enserra son coup, appuyant sur la trachée de plus en plus fort. Dans un effort désespéré, la bête frappa dans tous les sens, mais rien n’y fit : la pression ne desserra pas, et il mourut étranglé.

Cael se releva, le cœur battant à tout rompre, et les veines saillantes. Il grogna quelques fois encore, mais peu à peu sa voix s’adoucissait, et ses yeux redevinrent bleus comme un saphir. Comme émergeant d’un rêve, il constata à ce moment là que son père, appuyé contre un arbre, le fixait à la fois d’une manière respectueuse, admirative, et craintive.

-Par le sang…
-Qu’est-ce qui se passe ?
-Tu n’as rien remarqué Cael ? C’était comme Leir ! Les réflexes et la force bestiale, la puissance de l’Ours ! Tu l’as fait ! Et dire que je riais quand tu me disais que tu chasserais des guivres ainsi… J’y réfléchirais, la prochaine fois, avant de décider ce que tu n’es pas capable de faire !

Cael tira sa manche, et regarda son bras, dont coulait un peu de sang, tout en murmurant.

-La force de l’Ours… La puissance, les réflexes bestiaux… La force est en mon sang…
-Oui, je crois bien que c’est ça. Tu nous est venu comme par miracle, et tu es l’auteur de nombreux faits dont peu d’hommes pourrait se vanter, alors que tu n’en est pas encore un… Ton sang est unique, Cael, ne le verse pas pour rien.

Les deux hommes bandèrent leurs blessures, superficielles pour Cael mais plus profondes pour son père, et se remirent en route vers le village, transportant la dépouille du féroce Rage sabot-fendu, qui malheureusement pour lui, avait trouvé plus féroce. Et des années plus tard, aux coins des feux, on en parlerait encore.


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MessageSujet: Re: Journal de Bord - Cael udrim   Journal de Bord - Cael udrim Icon_minitimeVen 21 Mar - 21:55

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Chapitre V : Délit, expédition punitive.


Un mois s’était écoulé depuis la mort de Rage sabot-fendu, et le calme était revenu au village. Même un peu trop. En effet, il y a quatre jours de cela, les Eurcas, une tribu vivant dans une chaîne de montagne plus au Sud, avaient étés forcé à gagner le grand Nord, suite à un départ massif de leur gibier. En principe, les tribus autochtones ne montrait pas d’animosité entre elles. Mais lorsqu’on parlait de gibier, et donc de la survie d’une tribu, il fallait vite se préparer à combattre.
Lorsque les Eurcas remontèrent les montagnes, ils s’étaient déjà préparés aux affrontements à venir, et ils étaient bien décidés manger une grande part de territoire de chasse à la tribu de Cael, les Norns. Les Eurcas n’étaient pas réputés pour leur courage ni leurs faits d’armes, mais surtout par leurs stratégies, et les méthodes peu orthodoxes qu’ils utilisaient pour combattre. En effet, ils préféraient de loin l’utilisation de pièges dévastateurs, de camouflages, et de poisons, plutôt qu’un combat franc et direct. De plus, ils avaient la fâcheuse habitude d’attaquer les villages lorsque les chasseurs partaient, et de brûler les maisons discrètement, alors que celles-ci étaient occupées.

Les Eurcas décidèrent de frapper fort, dès leur premier jour en territoire Norn : profitant d’une large battue de ces derniers, ils fondirent sur le village, et commencèrent à mettre le feu aux toitures. Par chance, un groupe de chasseur revint prématurément, et parvint à mettre en déroute les incendiaires, qui préférèrent fuir plutôt que d’y laisser des plumes. Après quelques heures de lutte acharnée contre les flammes, celles-ci furent enfin éteintes. Cependant, même si le danger présent était écarté, une nouvelle menace planait. Les chasseurs ayant identifié les Eurcas, des murmures commencèrent vite à courir le long des rangs…

-Ils risquent d’attaquer lorsque nous dormirons et nous éventer dans notre sommeil…
-Ils pourraient même déclancher un éboulement pour nous briser !

Les discutions allèrent bon train jusqu’au début de la soirée, quand les skaalds sortirent de leur tente, afin d’annoncer comment se dérouleraient la suite des événements.

-Trois d’entre nous sont aujourd’hui morts par le feu ! Nous ne pouvons laisser cet acte impuni ! Les esprits réclament vengeance ! Délit, punition expéditive !

Lorsqu’il entendit ces mots, Cael sourcilla légèrement. Déjà lors de son enfance, l’avait entendu. « Délit, punition expéditive » était un des grand principes de la tribu des Norns : tout acte quel qu’il soit amenait avec lui un lot de conséquences, et tout homme devait assumer la responsabilité de ses actes, en bien ou en mal. Et ici, vu le mal causé, il n’y avait aucun doute qu’une expédition punitive serait organisée. Et plus tôt serait le mieux.

Cael se leva, et rejoignis le groupe d’homme qui allait participer à la vengeance. Conscient de sa dette envers son père et sa tribu, pour l’avoir recueillis et accepté, il avait là aussi interprété « Délit, punition expéditive », et s’était résolu au fait qu’il n’avait pas à se défiler, si les skaalds lui demandaient quoi que ce soit. Il continuerait à respecter son devoir envers la tribu, jusqu’à ce qu’on le libère ou que la mort le prenne.

Jurant sur son sang, une promesse faite sur le sang versé, et qui garantissait un déshonneur complet si non réalisée, le jeune homme récita quelques phrases rituelles, et pansa sa coupure. Et suivit les autres chasseurs autour du feu, afin de manger quelque chose avant de partir.

La rapide collation une fois prise, le groupe prirent leurs armes, et à la lueur de quelques torches, ils commencèrent à remonter la pise des Eurcas. Cette tâche ne fut pas très ardue, du fait que dans leur fuite, ces derniers n’avaient pas pensé à effacer leurs traces. Après une heure de marche, le groupe perçut des bruits d’activité, résonnant entre les monts. Le camp n’était plus bien loin. Quelques milles plus loin, le camp fut à vue. Celui-ci était placé dans une clairière, et, en tant que campement provisoire, avait été monté en toute hâte. Les guerriers attaqueraient par le haut, pour pousser les Eurcas sur le torrent. En hiver, ceux-ci peuvent être fatals si on ne fait pas attention. Il fallait seulement espérer que l’effet de surprise serait assez fort pour faire oublier aux Eurcas le danger que représentait l’eau.

Les chasseurs attaquèrent comme il se doit, quand on aime le gloire du combat : en hurlant, d’une façon franche et directe. Cael, comme le reste, chargea l’épée à la main, afin de châtier les Eurcas. Ceux-ci, pris au dépourvu, sombrèrent dans une panique totale, tandis que déjà leurs quelques maigres guerriers étaient fauchés comme des fétus de paille.

Les Eurcas commencèrent déjà à fuir : sans leurs ruses, ils n’étaient que de frêles branches qu’on brisait aisément. Humainement, ils se bousculaient les uns les autres afin de passer les premiers, pour éviter de se faire tailler en pièce. Ces êtres étaient un exemple même de la laideur humaine : pour éviter la mort, ils en oubliaient toute dignité, allant même jusqu’à frapper leurs propres compagnes pour leur prendre le pas.

Plus occupés à courir qu’à observer, ils en oublièrent le torrent, et furent bloqués. Les plus agiles parvinrent à sauter le courrant, et les moins courageux tombèrent à pour implorer la pitié de leurs agresseurs.

Décidément, ces hommes là étaient moins que des bêtes. Une bête sait grâce à son instinct de survie quand est-ce qu’elle doit se retirer, alors qu’eux avaient provoqué délibérément la colère de quelque chose qui les dépassait. Cela en faisait des sous créatures. Cependant, les Norns avaient eux aussi leurs principes, des bases de leur petite civilisation.

Cael attrapa d’une main le maigre cou d’un Eurcas tombé à genou, qui pleurait à chaudes larmes.

-Je ne peux pas tuer un homme à terre. Tu aurais été un des miens, je t’aurais occis ici même, mais je ne peux me rabaisser à mettre fin à une vie si misérable.

On pu voir dans les yeux de l’Eurcas un éclair fugace d’espérance, mais ceux-ci reprirent aussitôt leur couleur marron terne et voilée, qui contrastait tant avec les yeux bleus de Cael, quand ce dernier lança un couteau, qui alla se ficher devant son ennemi.

-Mets fin à tes jours. Lave toutes tes erreurs dans le sang.

L’Eurcas déglutit péniblement, avant de ramasser le couteau, et d’un signe négatif de la tête, de le jeter.

-Tu as donc si peur de ta propre mort ! Si tu n’es même pas capable d’accepter les conséquences de tes actes, je t’y forcerais !

Cael esquissa un mouvement de bras, et déjà l’ennemi avait reculé en rampant, et avait glissé dans le torrent. Avec la température de celui-ci, il n’avait aucune chance de s’en sortir.
La mine tellement répugnée par tant de lâcheté, le jeune homme ne fixa même pas le mort couler. Il détourna la tête, et alla ramasser son couteau.

En fin de compte, il ne devait y avoir que très peu d’hommes capables de sacrifier leur vie pour leur honneur et leur dignité. Les Eurcas étaient l’exemple même de l’homme qui accepte de vivre plus bas qu’une bête pour garder sa vie. Mais que valait une vie sans aucune dignité ? Peu importait, vu que Cael ne serait jamais dans ce cas là -du moins il l’espérait-. Il ne se rabaisserait jamais à cela tant qu’il respecterait « Délit, punition expéditive ».
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MessageSujet: Re: Journal de Bord - Cael udrim   Journal de Bord - Cael udrim Icon_minitimeDim 6 Avr - 14:44

Shingtai
Sous histoire du journal de bord de Cael Udrim

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Chapitres :

  • Prélude : Le voyage, la traversée
  • Chapitre 1 : L’odeur d’encens au matin


Dernière édition par Cael Udrim le Mar 22 Avr - 21:59, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Journal de Bord - Cael udrim   Journal de Bord - Cael udrim Icon_minitimeDim 6 Avr - 14:45

Prélude : Le voyage, la traversée


Cael avança une fois de plus un pied devant l’autre. La pénible marche commençait vraiment à s’éterniser, et l’adolescent se demanda encore une fois, tout en redoutant la réponse, quand est-ce qu’il pourrait arrêter de marcher.
D’habitude, les ballades en montagne l’enchantaient, elles lui permettaient de voir du paysage, découvrir de nouveaux lieux. Mais après une semaine de marche forcée, sous le blizzard, avec seulement une journée de Soleil, la tournure était autre.
Non seulement impatient d’arriver à destination, Cael, depuis le début de son voyage, se demandait ce qui l’avait pris de prendre la route, d’aller au loin vers l’orient, alors qu’il ne savait même pas ce qui l’attendait là bas.
En fait si, il s’en doutait, d’après ce qu’on lui avait dit : Shingtai était un lieu unique, un monastère de premier ordre qui enseignait à ses élèves la voie des armes… Cela sonnait bien, c’est vrai qu’on aurait pu penser qu’aller là bas permettait d’acquérir toutes sortes de talents, capacités, et techniques. Mais de là à longer le pays d’Im, descendre le long de la crête pour arriver aux monts du Sud, et là bifurquer vers l’orient, il y avait un sacré morceau

Considérant avec optimisme que ce voyage n’était un prélude à son entraînement, Cael allongea ses foulées, bien décidé à passer ce col. La neige avait commencé à mouiller ses bottes, mais il s’en fichait. Depuis sa position de hauteur, quelques mille mètres par rapport à la vallée, il avait repéré une petite maison, en contrebas du col. Et bonne nouvelle, de la fumée en sortait.
Durant son voyage, le principal frein à la mobilité était la recherche d’un logis : par temps froid, s’endormir dans la neige pouvait être fatal, et mourir gelé n’apportait de perspective réjouissante qu’aux loups.
Cael passa termina sa descente, alors que l’astre du jour terminait sa course. Décidément, il était temps de s’abriter dans ce refuge.
Arrivé au niveau de la porte, à plusieurs reprises, et, devant l’absence de réponse, poussa celle-ci et entra. Le refuge, quoiqu’un peu vétuste, semblait relativement confortable. Dans un coin de la pièce, dans un petit four en terre destiné à cet effet, quelques bouts de bois achevaient de se consumer. Cael les raviva avec quelques bûchettes entassées dehors, et enleva ses bottes, afin de les mettre à sécher.
Sentant la faim lui tirailler le ventre, le jeune homme déballa son paquetage, sortit ses maigres provisions, et, ramassant une casserole près du four, fit fondre de la neige.
Sa soupe de fortune une fois prête, il la vida assez rapidement, avant de manger un petit gâteau de riz, que lui avaient offert des paysans sur la route.

Le repas terminé, Cael sortit sa couverture de son paquetage, et, par une inestimable chance, put s’allonger sur une natte, sûrement laissée là par les précédents visiteurs.
Détendu, et pour une fois ne souffrant ni de la faim ni du froid, le jeune homme s’autorisa à songer. Les poutres au dessus de sa tête lui rappelait étrangement ce qui résumait sa vie, et sans doute celle de beaucoup d’autres personnes. Il fallait devenir fort. Ces poutres avaient étés faites à partir des arbres les plus robustes. Ces arbres, pour capter plus de lumière et mieux croire, avaient du eux aussi être plus forts, plus grands que les autres. C’était comme un instinct présent en tous, une sorte de mécanique de la vie, qu’il fallait suivre ou mourir. Une quête trop souvent désespérée de force, qui distinguait les méritants et jetait l’opprobre sur le reste. Même si Cael suivait lui aussi ce chemin de la force, et cherchait l’initiation sur la voie des armes, cette idée le rendait malade. Malade d’une surdose. Il fallait devenir fort, son père ne faisait que lui répéter. Pour survivre, pour laisser sa marque, pour avoir une descendance, et ainsi être immortel par la chair de sa chair. Ce devoir fait à soi-même dès son arrivée au monde, d’abord de résister puis de surmonter, qui poussait chacun à se surpasser. D’une part, c’était un moteur de cette mécanique de la vie, qui en soi n’était pas mauvais, puisqu’il était forcément dicté par les lois de la nature. Mais est-ce que l’instinct d’être le plus fort était si important qu’il justifiait toutes exactions ? Cael, pendant son voyage, avait vu de nombreux villages, où, forts de leur puissance, certains réduisaient d’autres à l’état d’animaux. Il voulait être égoïste et impulsif, faire ce qu’il voulait, dévorer la vie, mais si cette soif de liberté était aux dépends des autres, il ne se le pardonnerait pas. Il serait plus fort, mais pour surmonter ses démons intérieurs et pour le bien de tous. Et cette force passait par une bonne nuit de sommeil…

Cael reprit la route le lendemain. Il descendit dans la vallée, et troqua le peu de chose en sa possession ayant de la valeur contre des provisions en nourriture, et retourna sur le chemin de Shingtai. Si ses estimations étaient exactes, il avait du parcourir les trois quarts du chemin. Dans deux jours, il serait à destination.

Ces deux journées s’en allèrent tellement vite que le jeune homme n’eut pas le temps de les voir passer. Par deux fois le soleil et la lune se couchèrent, et en milieu de matinée du troisième jour, Cael fut à destination.
Il avait cessé de neiger. Du fait de sa location plus au Sud, l’air était aussi plus doux. Le printemps devrait arriver. Son quinzième printemps. Cela paraissait long, mais c’était si court, en fait.
Sortant de sa réflexion -réflexion plutôt proche de l’endormissement-, Cael s’avança sur le chemin qui devrait le mener à Shingtai. Ce lieu semblait attirer, car il avait croisé quelques paysans, lui certifiant qu’il ne pourrait pas manquer l’endroit.
Et il ne le manqua pas, en effet. Deux falaises abruptes, reliées par un long pont très étroit, semblaient marquer ici la frontière entre le monde et un quelque part, au-delà des limites de ce dernier.
S’approchant, Cael remarqua alors une petite troupe de badauds, semblant discuter du pont, et des falaises. D’après ce qu’il pu entendre, deux personnes s’apprêtèrent à le passer. Ne s’occupant guerre des histoires d’inconnus, le jeune homme marcha en direction du pont, bien décidé à le passer, quand soudain, un des badauds coura vers lui, en lui criant de ne pas avancer.

-Arrêtez vous, malheureux ! Vous voulez en finir avec la vie ?!

Cael ne comprit pas un mot de ce charabia. Ce n’était qu’un pont. Un pont au dessus du vide, soit, et qui assurait une mort certaine à celui qui tomberait. Mais à part ça…

-Qu’est-ce que vous racontez, vieil homme ? Pourquoi ne dois-je pas passer ce pont ?
-Ce pont est infranchissable ! Seuls les moines et les apprentis peuvent le passer ! Les autres sont précipités dans le vide ! On dit que c’est le souffle du dragon qui vit en bas du gouffre qui les fait tomber !
-Peu importe, j’ai l’intention de passer ce pont, et de commencer mon initiation. Cette tâche m’est dévolue, je le sens.
-Jeune fou ! Tant d’autres pensaient la même chose ! Leurs ossements reposent dans la crevasse !
-Alors quelques os de plus ne changeront rien, si je venais à tomber moi aussi.

Le jeune homme se dégagea, et marcha de plus belle vers le pont. Le vieil homme, qui n’avait du avoir qu’une petite vie paisible, sembla terrorisé à l’idée que quelqu’un meure devant ses yeux. Suppliant, il suivit Cael, pour l’implorer de rebrousser chemin.

-Laissez au moins un plus vieux que vous y aller ! Vous avez des années encore à vivre !

Au fur et à mesure que le jeune homme avançait, le groupe de badaud s’était rapproché, appréhendant le moment à venir. Cael, déterminé, posa le pied sur la première planche, testa la solidité du pont, et avança. Au quart du pont, il se retourna vers les autres personnes, et aperçu la mine crispée par la peur du vieil homme. Mais une fois le pont passé sans embûches, ce fut une figure déconfite qu’il vit. Cette traversée n’avait pas été si dure, en fin de compte.
Soudain, sur l’autre falaise, un homme haussa la voie. Celui-ci, fort de sa vingtaine d’année, semblait suinter l’arrogance.

-Si un petit jeune peut le faire, alors moi aussi !

Il s’élança sur le pont, courrant à toute jambe. Plus il avançait, plus son sourire, emplis d’un monstrueux amour-propre, s’élargissait, jusqu’au moment, où, au milieu du pont, il se transforma en grimace. Un léger vent froid avait soufflé, venant des profondeurs. Son rictus envolé, l’homme fut pris soudain d’une peur intense, au fur et à mesure que les bourrasques se faisaient de plus en plus fortes. Le pont se mit à balancer, d’abord doucement puis de plus en plus fort, jusqu’à se retourner complètement. L’homme, terrorisé, pu s’accrocher à une corde, mais, par la puissance des vents, du lâcher et fut happé par le gouffre. Après coup, Cael constata que le vieillard n’avait pas mentit, et qu’il l’avait échappé belle.
Frissonnant légèrement après ce qu’il venait de voir, il adressa un grand mouvement de bras au groupe de badauds, et se retourna, pour aller vers le monastère, situé en contrebas.




Le vieil homme, le visage serein, ouvrit péniblement les yeux. Il observa le soleil, et en déduit qu’il avait médité plus de sept heures. Se levant, il appela un acolyte, qui accouru vers lui.

-Qu’y a-t-il, Abbé ?
-Un novice a franchis le seuil. Va l’accueillir, et amène le moi.
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MessageSujet: Re: Journal de Bord - Cael udrim   Journal de Bord - Cael udrim Icon_minitimeVen 18 Avr - 0:05

Chapitre 1 : L’odeur d’encens au matin

L’acolyte fut d’abord surpris quand il appris que le nouvel élève venait du Nord Ouest, et donc du passage du pont, car aucun n’en était arrivé depuis des décennies. Même l’abbé actuel n’avait pas du en voir, et pourtant, il arrivait sur ses soixante ans, un âge très avancé.
Personne n’était passé sur ce sentier depuis longtemps, et les jambes de l'acolyte en souffrirent. Non seulement le terrain était peu entretenu, mais il grimpait fortement, à la différence de l’autre entrée. Habituellement, la plupart des élèves arrivaient du Sud Est, de la province de Tsin Tao. En effet, depuis la guerre entre les royaumes du Nord Ouest -dont l’acolyte avait complètement oublié le nom- et la province du Sud Est, il y a des centaines d’années de cela, les pays s’étaient séparés, et plus personne ne passait, hormis par le pont menant à Shingtai. Et cela était très rare, compte tenu de la dangerosité de cette traversée.

Cael descendait des marches, taillées à même la roche et en mauvais état, à cause de l’érosion, quand il aperçu un homme en bas, qui montait apparemment vers lui. Portant ses mains à sa bouche pour amplifier sa voix, il appela l’inconnu. Quelques minutes plus tard, les deux personnes furent rejointes.

-Venez, nous vous attendions.
-Hé là, je ne vous connais même pas. Pourquoi vous suivrais-je ?
-Je suis Yaozing, du monastère de Shingtai. Et dépêchez vous, faire attendre l’abbé n’est pas recommandé pour son premier jour ici. Ni même n’importe quel jour.

Le jeune homme ne se fit pas prier. Il suivit l’autre personne, qui devait être son aîné de quelques années, le long du sentier, en silence, et arriva enfin en vue du monastère. Celui-ci, situé à proximité d’un lac, profitait de la chaleur du Soleil d’après midi, dont les rayons se répandaient dans les diverses ailes du bâtiment. Celui-ci, composé d’une partie principale et de plusieurs annexes, séparées par des cours ou des jardins, semblait faire partie intégrante du paysage, comme si la nature avait accepté la construction.

Quelques minutes plus tard, Cael passa sous l’arche principale, qui menait au plus grand des bâtiment. Celui-ci, dans une architecture complètement étrangère au jeune homme, avait été construit uniquement en bois, et le toit en tuile rouges. Des poutres assuraient la stabilité de la battisse, tandis que des panneaux de bois faisaient office de murs. Aux bords des toits étaient suspendus des lanternes rouges, qui en pleine nuit devaient diffuser une lumière douce.
L’acolyte fit coulisser le panneau d’entrée, et Cael s’avança. On entendait au loin des bruits de criquets, mêlés à un son grave, sûrement une litanie. Continuant de suivre le novice, il bifurqua vers une salle des plus austères, qui, pour seul ornement, possédait une table basse sur laquelle brûlait de l’encens, une estampe, ainsi qu’un coussin. Dos au jeune homme, assis en tailleur sur le petit coussin noir, était un vieil homme. Si on se fiait aux marques de la vieillesse sur sa peau, on pourrait se demander comment faisait il pour se maintenir ainsi droit. Comme il se maintenait aussi en vie, d’ailleurs…

L’acolyte s’agenouilla, jusqu’à poser le front contre le sol. Cael, par déférence pour cet inconnu qui dégageait une telle aura, l’imita. Le vieil homme ne se tourna pas.

-Vous avez passé le pont de votre plein gré. C’est donc en toute liberté que vous acceptez d’intégrer le monastère de Shingtai, quoi qu’il vous en coûte, jusqu’à ce que votre enseignement soit parfait.

Pour une phrase directe, c’en était une. Cael n’eût même pas à accepter. Il ne pu que légèrement acquiescer que déjà l’abbé avait commencé à reparler.

-Vous êtes désormais un novice. Vous participerez par conséquent à la vie du monastère comme il se doit. Vous dormirez et prendrez vos repas avec les moines, et vous vous joindrez à eux pour méditer vous entraîner, ainsi que prier. En dehors de ces activités quotidiennes, vous serez confié à un maître, qui continuera l’enseignement. Vous commencerez vos tâches dans une heure. En attendant, l’acolyte Yaozing va vous montrer votre chambre.

Cael, encore pris de court par les évènements, fut conduit dans sa chambre, une modeste pièce de trois mètres en largeur, pour quatre mètres en longueur, qui donnait sur l’intérieur du bâtiment mais aussi sur la cour, si on faisait coulisser un panneau de bois. L’endroit, totalement dépourvu d’ornements, avait pour seul mobilier une mince natte et une table, sur laquelle était posé dans une coupelle un bâtonnet d’encens en fin de combustion. Décidément, cette odeur allait lui coller aux narines. L’acolyte Yaozing s’approcha du jeune homme, et lui enleva son paquetage des mains.

-Vous n’avez plus besoin de vos affaires, ici. Vous vivrez comme les moines, ce qui implique que vous vous vêtissiez comme eux. Vous trouverez tout le nécessaire dans votre armoire.

Pour ponctuer sa phrase, il avança et fit coulisser un panneau de bois, dévoilant une maigre garde robe contenant deux tuniques beiges-brunes. L’acolyte le laissa, lui rappelant de ne pas être en retard pour sa première leçon. Cael, éprouvé par son voyage, n’eut qu’une demi-heure pour se changer et récupérer, avant d’aller à ses activités.

Le jeune homme passa une demi-journée assez reposante. L’après midi étant déjà entamée, les moines et les novices avaient quasiment terminé leurs activités journalières. Lorsqu’il les rejoint, Cael les trouva en pleine méditation. Assis en tailleur, silencieux, le groupe tentait de se maintenir totalement immobile, afin de concentrer les pensées sur le souffle uniquement. Cet exercice dura encore quelques heures, jusqu’au moment où on entendit une cloche sonner. La lumière du jour commençait à faiblir. Cael, revigoré par cet exercice, eut droit, comme les autres novices, à un repas frugal : un peu de riz avec des légumes. Puis, le crépuscule arrivant enfin, l’assemblée alla se coucher.

La journée suivant fut bien moins magnanime que la précédente. Levé à minuit, Cael se joignit aux moines et aux autres novices pour commencer le véritable entraînement, des séries d’exercices visant à développer la souplesse, la puissance musculaire, et la rapidité, mais aussi permettant une meilleure maîtrise du souffle et de son énergie, qui dura jusqu’à l’aube. Dès lors, il prit un maigre repas, du riz avec de l’orge, et se dirigea vers la salle de méditation. Celle-ci fut bienvenue après les exercices, qui lui avaient courbaturé tout le corps. Cette méditation dura deux heures, et fut suivie par une autre série d’entraînements, ceux-ci encore plus éprouvants, jusqu’au repas de midi, tout aussi frugal que le premier. C’est le ventre vide que Cael continua ses tâches, qui maintenant constituaient en de la lecture et de l’écriture. Bien entendu, le jeune homme savait faire ces deux choses, mais les textes ici étaient bien plus âpres à déchiffrer que les comptes de sa tribu, cependant, à force de persévérance, il réussit à lire tant bien que mal ce qui était écrit.
La journée se termina par une séance de méditation et un repas, similaire à ce qu’il avait fait le jour précédent, et le jeune homme se coucha au crépuscule.

Cette routine se poursuivit pendant environs deux mois, et chaque jour Cael répéta ces actions. Durant soixante et un jours, il se réveilla avec l’odeur d’encens dans les narines, si bien que maintenant elle lui paraissait totalement normale.
Bien entendu, avec l’avancée dans l’entraînement et l’arrivée des beaux jours, les exercices se déroulaient de plus en plus en extérieur, et étaient de plus en plus poussés. Les quelques moines qui supervisaient cela se montraient également de plus en plus exigeants, demandant toujours plus, que ce soit dans la courbure du corps que dans celle de la calligraphie sur le parchemin.
En ces deux mois, Cael sentait qu’il avait sacrément évolué, que ce soit d’une façon physique -les entraînements l’avaient rendu bien plus endurant et plus bien fort, en plus d’avoir développé ses actions- mais aussi du côté mental. De nombreux mantra -des phrases à se répéter lors des méditation- résumaient les objectifs à atteindre : « De même que l’archer affûte et lance tout droit ses flèches, le maître dirige ses pensées dispersées. ». Bien entendu, Cael n’en était pas encore à un tel stade dans son entraînement, car le total contrôle de son être ne pouvait venir qu’après tout une vie d’exercice, mais il était conscient que toutes ces pratiques, qui au début lui paraissaient étranges, avaient porté leurs fruits. Cependant, il y avait toujours un manque, dans cet entraînement. Le jeune homme se souvenait encore les directives de l’abbé, qui lui avait annoncé qu’un maître le prendrait en charge. Etonnement, il n’y avait plus pensé depuis plusieurs semaines, mais aujourd’hui, cela lui revenait en tête.

Cael chassa ses pensées de sa tête -l’impatience était un défaut que son entraînement tendait à corriger- et se dirigea vers la salle d’entraînement. Là, il commença à répéter les mêmes exercices, comme il l’avait fait bien souvent, dans la silence coutumier au monastère. Il entendit un panneau de bois coulisser, mais n’y prêta guerre attention.


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