Eira était allée installer ses affaires dans une auberge, une de celles qui lui évoquait tant de souvenirs. Des histoires pleines de créatures magiques qui avaient pris forme sous les mots des voyageurs. Elle s’y était rendue comme si c’était sa deuxième maison, un endroit rassurant, chaleureux, évoquant un chez soi. Elle devrait avoir assez d’argent pour coucher une nuit et même pour un modeste repas.
Mais nous n’étions qu’en début d’après-midi, le soleil encore haut dans le ciel, elle avait laissé bagages et armes à l’auberge, n’emportant que sa dague et sa harpe. Elle était simplement vêtue d’une robe bleue, renonçant à sa cape tant la chaleur était assommante.
La grande place d’Im était animée. Les marchands s’y étaient installés pour un jour. C’était jour de marché. Eira errait d’un étal à un autre se laissant porter par le flot d’habitants. Il régnait un brouhaha infernal, la place était surpeuplée et les marchands hurlaient toujours plus fort que leur voisin.
Mais, elle n’était pas venue pour acheter quoi que ce soit, de toute façon l’argent allait lui manquer pour ce soir si elle commençait à le dépenser.
Elle finit par se frayer un chemin dans la foule pour atteindre l’un des seuls emplacements encore vides. Elle épousseta sa robe pour enlever la poussière brassée par la populace, puis elle se mit à jouer de la harpe. Si elle pouvait récolter un peu d’argent de la sorte, ce ne serait pas de refus. Ses doigts effleuraient délicatement les cordes de la harpe. Seulement les passants lui passaient devant sans même un regard. La mélodie était sublime comme toujours mais le bruit ambiant était plus fort. Eira ne s’arrêta pas, si personne ne l’écoutait elle jouait pour son propre plaisir.