A la pêche aux informations [pv Gwenaëlle]

Depuis la journée précédente, où il avait reçu ses insctructions, Cael s'était mis en quête d'informations qui pourraient le mener à un certain tueur. Les causes de l'assassinat lui étaient inconnues, et à vrai dire, il s'en fichait. L'important, c'était te trouver la personne coupables des exactions commises, et le mettre hors d'état de nuire...
Tout de même, c'était peu orthodoxe de la part de la royauté de faire appel à des inconnus, même des personnes plutôt en conflict avec le pouvoir -Cael ayant saccagé complètement une fête de la haute société-.

*Tiens, qu'est devenu ce lâche d'ambassadeur, la personne qui l'avait poursuivit dans sur les remparts, et la personne qui s'était prit la gâteau ?*

Le jeune homme s'était d'abord renseigné auprès des passants, mais ceux ci hâtaient vite leur chemin, de risque d'être mêlé à cette histoire glauque. Ils avaient en partie raison. Cependant, les tenanciers d'auberge ou de taverne, quand on faisait miroiter une pièce devant leurs yeux, étaient bien plus enclins à parler. De ragots en rumeurs, Cael finit par apprendre que le meurtre s'était déroulé dans un établissement de putain de bas étage. Quel magnifique cadre... La colère au milieu de la luxure...

Ces informations, si douteuses étaient elles, constituaient déjà une piste. Cael s'était donc rendu dans ce bordel, à la recherche de traces de l'assassinat. Le jeune homme savait ce qu'était c egens d'établissement, mais n'y était jamais rentré. Il ne savait que trop les dangers que cela représentait, qu'ils viennent des putains elles même ou des maladies qu'elles avaient en elles. Il se garda bien d'éviter de tomber dans le piège charnel de l'endroit.
Ces pauvres femmes, certaines plus filles que femmes, devaient vraiment avoir une vie miséreuse. La simple promesse d'une pièce d'or délia la langue de l'une d'entre elle, à tel point que Cael apprit nombre de détails sur le métiers, qu'il se serait bien gardé de connaître. Il apprit de la putain qu'une jeune fille, accompagnée d'un homme massif -la description de ce dernier attria l'attention du jeune homme- s'étaient rendu au bordel, jusque là tenu par un vieux débris. Des suites de cette venue, plus aucune nouvelle du patron n'était venue, mais la jeune fille avait prit la direction du bordel -metionner sa nouvelle patronne causait un grand soulagement à la prostituée, cela sûrement du aux lubricités de l'ancien dirigeant-. Depuis la passation du "pouvoir", l'établissement était devenu de plus en plus respectable, mais lorsque Cael interrogea la femme sur ce qu'il était advenu de l'homme, elle ne put répondre. Il s'était évanoui comme de la fumée, laissant derrière lui deux cadavres.
Deux cadavres ! C'est bon, il était proche de trouver !
Cependant, devant l'ignorance, qui se faisait croissante au fur et à mesure que les questions devenaient pointues, de la femme, Cael se résigna à admettre qu'il n'en tirerait rien de plus. Il lui donna deux pièces d'or, qui firent briller les yeux de la putain, et lui chargea de transmettre un message à sa patronne. il attendrait cette dernière le lendemain, sur la grande place d'Im, aux alentours de midi, afin de parler amplement.






Cael s'installa sur le rebord d'une fontaine. Le soleil arrivait au zénith. La nouvelle patronne devrait bientôt arriver, à moins qu'elle ne se désiste... Et il n'ésperait pas ça...

Quelques temps passèrent, et Gwenaëlle prenait sa nouvelle tâche au sérieux, faisant tout pour rendre son établissement plus fréquentable qu’il ne l’avait été auparavant. Les sols étaient propres, les murs avaient été nettoyés, les chambres briquées, tout le bâtiment aéré. L’insoutenable odeur de fauve et de sueur qui était restée dans la mémoire olfactive de Gwenaëlle avait maintenant disparu et une odeur fraîche de fleurs flottait dans toute la baraque. L’argent qu’elle gagnait, elle en mettait une partie pour financer les « travaux » de réaménagement du bordel, qui devenait de jour en jour un endroit de plus en plus respectable.

Depuis qu’elle avait ouvert l’accès sur la rue passante, elle avait plus de clients, et surtout des clients plus fortunés. Sa petite affaire marchait bien. Ce n’était pas qu’un simple bordel, c’était aussi un petit salon de thé, et avait reconverti certaines des putains du bordel. Elles étaient maintenant serveuses, et Gwenaëlle leur donnais un petit salaire, enfin elle leur donnait ce qu’elle pouvait. Elle-même ne gardait pas grand-chose. Juste de quoi subvenir à ses besoins. L’argent lui importait peu. Ce qu’elle voulait par-dessus tout c’était ne pas laisser ces femmes livrées à elles mêmes. Elle leur devait bien ça, après avoir mis le souk dans leur lieu de travail.

Un jour, lorsqu’elle rentrait de courses, Gwenaëlle fut abordée par une de ses employées, qui avait l’air un peu gênée, mais Gwenaëlle l’encouragea à lui parler.

- Je vous écoute !
- Eh bien voilà, madame, je, enfin, quand vous étiez partie, un homme est venu. Il m’a demandé de vous faire passer le message de le rejoindre demain, pour le déjeuner, sur la grand place.
- Très bien, j’y serais. De quoi avait l’air cet homme ?
- Oh ! Vous le reconnaîtrez, madame, il est grand et bien bâti. Un homme de caractère, il savait ce qu'il voulait, sûrement très actif…
- Stop ! Je ne veux pas en entendre plus !

Gwenaëlle se retourna pour rentrer dans son bureau, mais elle senti que son employée attendait toujours. Elle plongea une main dans une poche de son manteau et en tira une pièce d’or qu’il lui restait. Elle la donna à la prostituée qui la regarda avec gratitude. Cette femme n’avait visiblement jamais été avec tant d’égards. D’une part, Gwenaëlle la respectait, d’une autre, elle la remerciait de lui avoir fait la commission.

- Il y a autre chose, n’est ce pas ? Dites moi ce qui vous tracasse.

La femme baissa le regard devant le visage inquisiteur de Gwenaëlle.

- Madame, cet homme m’a aussi posé beaucoup de questions.

Gwenaëlle était intéressée. Pourquoi cet homme était venu poser des questions à une prostituée.

- Il m’a demandé des choses sur ce qui s’est passé, vous voyez ce que je veux dire…

Le visage de Gwenaëlle devint presque livide. Cet homme devait être à sa recherche… Mais c’était impossible ! Gwenaëlle soupira et sourit à la femme qui paraissait anxieuse.

- Vous pouvez disposer.

Gwenaëlle s’en alla s’enfermer dans son bureau, le bureau de la direction. Demain, elle irait au rendez vous de cet homme. Il fallait qu’elle sache ce qu’il savait lui-même. Si il venait pour les meurtres de Kenine et Heltzin Warnilov ? C’était sûrement ça. Bah, elle ne pouvait pas en être totalement sûre, mais c’était le plus évident. Elle verrait bien.



Gwenaëlle avait eu du temps pour préparer une défense plus ou moins convaincante, si l’homme l’interrogeait sur ce qui s’était passé au bordel. Décidée à ne pas se laisser impressionner par un homme aussi fort soit il, elle se rendit au lieu de rendez vous à midi tapantes, pour ne pas le faire trop attendre. Elle détestait, en plus, être en retard.

La place était toujours bondée, et les gens se bousculaient aux auberges et autres restaurants ou tavernes. Gwenaëlle, bien que plutôt grande, se hissa sur la pointe des pieds pour essayer de reconnaître cet homme dont elle ne connaissait que la morphologie. Là bas ! Assis sur le rebord de la fontaine !

Gwenaëlle se fraya un chemin vers l’homme et se posta devant lui, tentant de ne pas paraître trop froide, plutôt décontractée, ni trop joviale. Avec un sourire qu’elle réservait d’ordinaire aux nouveaux clients, elle tendit une main à l’homme avec énergie :

- Bonjour !

- Gwenaëlle Sedura, répondit simplement Gwenaëlle. A qui ai-je l’honneur ?

Elle dévisagea l’homme puis le suivi. Il s’était assis à une table en bois et lui fit glisser une chaise. La jeune femme s’assit. La chaise était bancale, mais ce n’était as important. Le jeune homme avait beaucoup à lui dire, et n’en attendait sûrement pas moins d’elle. Si il l’interrogeait sur Ramzteïn ou les deux tueurs, elle allait devoir faire preuve d’habileté, pour éviter qu’il la soupçonne. L’idée d’être punie lui glaçait le sang mais il fallait d’abord voir comment se déroulait cette entrevue avant de penser au pire.

- Eh bien, qu’avez-vous donc à me dire ? demanda Gwenaëlle sur un ton léger, comme s’ils allaient parler du temps radieux qu’il faisait. Si je peux vous aider en quelque chose.

Ils s’étaient assis, alors cette entrevue allait durer longtemps, peut être tout l’après midi. Peut être que ce jeune homme était mandaté par quelque pouvoir supérieur pour retrouver les assassins des frères Warnilov... On l'avait sûrement payé pour effectuer cette tâche. L'argent était vraiment tout ce qui comptait dans ce monde!

Ca y est ! Il était entré dans le vif du sujet ! Gwenaëlle avait espéré qu’il ne parle pas de ça, mais ça aurait été trop beau ! Quand même, indirectement, Ramzteïn l’avait mise dans de beaux draps ! Elle n’aurait pas du accepter de tuer Heltzin…

* Ce qui est fait est fait ! *

Gwenaëlle écouta attentivement ce que Cael lui disait, se répétant chaque mot, chaque phrase. En même temps, elle pensait à sa réponse, qu’elle avait eu le temps de préparer plus ou moins depuis la veille. Quand il eut fini, Gwenaëlle dévisagea le jeune homme. Elle continuait de réfléchir à la façon dont elle allait répondre.

- Je ne vais pas vous mentir, j’ai effectivement pris part à la capture de ces criminels.

Il fallait l’avouer ! Ce n’était pas un drame si elle avait voulu aider à leur capture.

- J’ai aussi été accompagnée d’un homme de la trentaine, un ancien détenu, à ce qu’il m’a semblé comprendre. C’est lui qui m’a plus ou moins proposé de l’aider à coincer les frères Warnilov. Je ne savais rien de son plan. Moi je me suis contentée d’user de mes charmes pour réussir à endormir Kenine, le plus jeune. Je ne voulais pas qu’ils meurent !

Elle s’arrêta pour regarder la réaction de Cael. Il devait l’écouter attentivement. Elle ne savait pas si elle devait en dire plus

- Avec tout ça, je n’ai pas vraiment répondu à votre question… Des affiches étaient placardées partout dans la ville et promettaient une récompense à qui les capturerait. Ce n’était pas tant pour la récompense que j’ai suivi Ramzteïn, mais dans le but de me rendre utile et de bouger un peu. Je n’étais à Im que depuis une semaine quand je l’ai rencontré.

*Bon sang... Une sotte doublée d'une pleurnicharde... Et que je te dise que c'est pas ma faute, que c'est l'autre méchant ! blabla... Mais tous les gens ici étaient ils des lâches ?! J'en ai ma claque !*

Cael, qui s'était adossé au dossier de sa chaise, se pencha en avant et frappa du poing un grand coup sur la table. Entendre parler cette fille lui sonnait aux oreilles comme un sifflement aigu et exaspérant.

"Assez ! Je me contrefout de vos belles intentions et de vos envies de justice ! Regardez où elles vous ont menées ! Vous êtes la dirigeante illégale d'un bordel et êtes impliquée dans une histoire de meurtre ! Alors si vous ne voulez pas que ce soit moi qui m'énerve, vous allez faire ce que je vous dit, oui ?!"

Le jeune homme respira un bon coup. A quoi lui aussi en était il réduit pour son argent ? Il n'avait plus perdu son sang froid, sur une femme de surcroit, depuis... il ne se souvenait même plus.

"Excusez moi. Reprenons. Continuez de me parler de ce Ramzteïn. Tout ce que vous savez sur lui, chaque détail insignifiant compte. Et d'ailleurs, quelle était la raison du meurtre ?"

Alors là ! Il l’avait poussée à bout ! Enfin, Gwenaëlle fronça les sourcils et prit un air presque agressif. Elle n’avait pas eu l’impression de s’être plainte, mais bon, chacun pouvait interpréter comme il le voulait. Lorsque Cael frappa du poing sur la table, elle eut un mouvement de recul, mais elle se redressa et afficha un regard impassible, gardant sa colère en elle. Elle n’était pas vraiement en colère, mais juste vexée qu’on lui parle sur ce ton…

- Mais je n’en connais rien, moi, de ce Ramzteïn ! Je vous ai dit que c’était un forçat ! Vous voulez que je vous dise pourquoi il voulait les tuer ? Il voulait les tuer pour un bête pendentif ! Qu’il a récupéré, soit dit en passant, sans aucune résistance de la part d’Heltzin. Ensuite…

Devait elle parler du Démon qui habitait Ramzteïn ? Cael n’avait plus l’air très commode et elle préférait ne pas s’attirer trop d’ennuis. Elle voulait de l’aventure, elle en avait, mais ce n’était pas réellement ce qu’elle attendait. Le plus tôt possible, elle quitterait ce bordel et retournerait vivre dans une auberge, ou ailleurs, elle verrait.

- Ramzteïn était possédé. Il l’est toujours, d’ailleurs. Il avait soif de meurtre, il m’a assuré que ça faisait un plaisir fou de tuer… Je ne crois pas qu’on puisse ressentir ce genre de sentiment, bien que je n’aie jamais essayé, menti t elle. En tout cas, son affaire finie, il est parti et je n’ai plus aucune nouvelle. De toutes façons ça m’est bien égal…

Elle croisa les bras et s’adossa à sa chaise. Elle regardait Cael de son air renfrogné. Elle hésita encore un moment avant de lui parler de ce que lui avait dit le Démon. Elle doutait que cela puisse aider Cael, mais elle lui dit finalement :

- D’après ce Démon, il paraîtrait que nos destins soient liés, ou un truc du genre, et que nous nous reverrons… Ma foi, si ce jour doit venir, ce sera sa fête ! En fait, il n’a fait que se servir de moi pour l’aider à tuer ses ennemis. Finalement, vous devez avoir raison, je suis sotte de l’avoir suivit ! J’aurais du prendre les choses en main ! Mais il est trop tard, et même si j’avais suivi mon intuition, je l’aurais regretté !

Elle n’avait plus rien à dire et avait parlé plus crûment qu’elle ne l’aurait voulu. Toute cette histoire commençait sérieusement à l’agacer. Vivement que tout soit fini.

L'intrigue se complexait à mesure que les informations incluaient, si maigres étaient elles. Le tueur était possédé par un démon... La menace était moins à prendre à la légère, dès que cela concernait de près où de loin les forces ocultes. Surtout que dans ce domaine là, Cael était relativement perdu. Il espérait simplement que sa résistance innée à la magie lui servirait.

"Bon, jouons cartes sur table. Le meurtre des frères je-ne-sais-plus-quoi, peu m'importe. Ce n'étaient que des saletés qui gangrènaient la ville, et ils sont mieux là où ils sont. Le seul problème, c'est que son estimée majestée" Il toussa encore une fois, pour bien montrer son mépris à la couronne "redoute qu'un mal plus grand fasse apparition...un nouveau caïd, en somme. Et avec son goût du meurtre dont vous m'avez parlé, il me semble que ces craintes soient fondées. C'est très simple : je dois le mettre hors d'état de nuire."

Plus il y pensait, plus il se demandait pourquoi. Ce type devait déjà avoir été privé de liberté pendant longtemps, et alors qu'il opérait un simple acte de vengeance -chose toute commune, en sorte- sur la lie de l'humanité... ç'aurait pu être considéré comme louable, sans cette histoire de démon.

"Vous souhaitez faire sa fête ? Il ne ferait qu'une bouchée de vous...
A mon avis, il est inutile de vouloir le tuer... Surtout que tuer pour rien est inutile... Vous me suivez ?"

- Je n’ai jamais dit que je voulais tuer Ramzteïn ! Et puis la mort ne résout rien ! La torture peut être bien pire…

* Ouh là ! Qu’est ce que tu racontes ?! *

Gwenaëlle se détendit, voyant que Cael avait balayé le sujet précédent et qu’il parlait plus sérieusement de ce qu’il projetait de faire.

- Vous n’avez pas l’air d’apprécier tant que ça le pouvoir royal...

Gwenaëlle avait remarqué que Cael avait toussoté ironiquement quand il avait parlé du pouvoir, de la reine. Au fond, elle était amusée. Il n’avait pas l’air non plus d’être très heureux d’être en ville. Peut être qu’il venait d’un village alentour, quoi qu’il en fût, il lui avait proposé de le suivre dans sa recherche de Ramzteïn. Gwenaëlle ne savait pas quoi faire, elle avait envie d’être en paix, mais, sa curiosité étant toujours très forte, elle avait envie de savoir et de voir comment ce jeune homme allait se débrouiller pour retrouver Ramzteïn.

* Et puis ça t’évitera de plonger dans la monotonie d’une vie paisible et sans embrouilles !*

- D’accord ! Je vous suis ! Seulement, il me faudrait récupérer quelques effets au bordel – décidément je n’arriverai pas à me faire à l’idée que j’en dirige un. Si ça ne vous ennuie pas.

Cael pouffa légèrement. La jeune femme n'avait pas vraiment comprit ce qu'il voulait dire...

"Quand je disais "vous me suivez", c'était simplement à propos du fil de la discussion, aucunement par rapport aux actes à venir, mais il n'y a pas de mal"

Le jeune homme eut un léger sourrire, amusé par la naïveté de Gwenaëlle. Elle était facilement comparable aux serveuses qui passaient de tables en tables, et pourtant elle semblait avoir plus d'ambition que ces dernières... Ce qui ne l'empêchais pas pour autant d'être trop innocente pour ce genre d'aventures...

"Non, je ne l'aime pas. Sous prétextes de garantir sécurité, unité, et bien être, les classes dirigeantes, qu'elles soient nobles, magiciennes, ou juste malignes, s'élèvent au dessus des autres et par ce préjugé de domination légitime, ils avilissent le monde. Quelle personne sensée laisserait mourrir de fain des petites gens, celles qui triment, pour assurer à leurs enfants la même cuillière en or qu'ils ont eut dans la bouche, bambins. Cela m'échappe.
D'où je viens, et pratiquement partout là où je suis allé, Cael eut un léger soupir de nostalgie, en pensant au passé les êtres oublient leurs interêts propres pour la survie du groupe. Mais ici, à cause de cette apparente tranquilité mise en oeuvre par le pouvoir, les gens se désolidarisent et s'entretuent... Vos histoires en sont la preuve : trois vies perdues pour un pendentif.
Vous comprenez pourquoi je n'aime pas le pouvoir royal ?"

La jeune homme s'adossa. Désormais, lui aussi était en mauvaise posture. Exprimer sa colère envers la royauté alors qu'il travaillait pour elle, sachant qu'il avait toujours cette histoire de banquet sur le dos, pouvait s'aparenter à de la trahison. Même s'il n'avait jamais juré allégence à qui que ce soit, et ne le ferait jamais. Il était un homme libre.

"Ce Ramzteïn lui aussi a la droit de vivre, afin de se sortir de cette cité avilissante. Il peut laisser ces crimes derrière lui et repartir d'un bon pas. Mais cette promesse de liberté, peut on l'étendre à toute une population ?"

La gaffe ! Mais comment avait elle pu être aussi stupide ?! Mal interpréter le « vous me suivez… Pour quoi elle allait passer, pour quoi elle passait ?! Elle s’était figée sur place en voyant le petit rire narquois de Cael.

- Excusez moi pour cette méprise ! dit elle, un peu gênée. Il m’arrive de m’embrouiller, parfois… Mais vous vous en contre fichez.

Elle l’écouta parler de son aversion pour le pouvoir. Il n’avait pas vraiment tord. Mais que pouvait dire une f’lenoise ? Ce peuple tout entier affichait au monde sa liberté. Et puis le royaume de F’len n’était pas dirigé comme ici.

Elle ne savait plus quoi dire. Elle avait peur de dire de nouveau quelque chose de travers. Elle se contenta de hocher la tête et de regarder fixement la table. Elle aurait voulu partir. C’était peut être ce qu’elle devait faire…

Elle se leva, sa chaise raclant sur le sol dallé et tombant avec un bruit mat. Gwenaëlle s’était levée plus brusquement qu’elle ne l’avait voulu.

- Vous m’excuserez, j’ai à faire. Je vous souhaite donc bonne chance pour votre mission. J’espère que vous réussirez, je ne pense pas que vous aurez trop de peine à retrouver Ramzteïn, vous avez l’air intelligent et très malin. Au revoir, monsieur Udrim.

Elle adressa un dernier signe de tête au jeune homme et fit brusquement volte face. Elle slaloma alors entre les tables pleines avec agilité et s’éloigna de Cael. Le poids de l’histoire des frères Warnilov s’était levé de la poitrine de la jeune femme et elle se sentait beaucoup mieux, comme plus légère.

"Monsieur Udrim..." ça sonnait affreusement faux... C'était bel et bien contre les comportements comme celui de son père de sang qu'il s'insurgeait, et pourtant, il en avait prit le nom... Le jeune homme espérait au moins qu'il pourrait redorer un semblant ce nom et le blason de sa véritable famille, ici, où cet héritage malveillant n'avait aucune valeur, si ce n'était quelques mots... Un sang pas tout à fait comme les autres coulait en Cael, mais du moment où personne ne le savait, ce sang était totalement banal... Tant que personne ne le saurait... La jeune homme se surprit à penser qu'il puisse avoir un parent en ces terres, mais réprima tout de suite cette idée. C'était tout bonnement impossible.

*A bientôt, madame Sedura... nos chemins se recroiseront peut-être...*

Cael se leva, et quita la place. Pour le moment, il avait un rendez vous avez un certain Ramzteïn, homme possédé par un démon.



Et ne savait pas où le trouver...

*J'ai l'air malin, moi...*


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