Rendez-vous dangereux

Le soir s'approchait à grand pas, Ramzteïn se tenait la tête, épuisé, il ne savait plus où il marchait bien qu'il ai été à Im toute son enfance, cette ville avait tellement changé, il s'y sentait étranger, peut-être était-ce vraiment le cas.
Les vagues de passants étaient énorme, si bien que le jeune homme avait du mal à esquiver les gens, il avait mal à la tête.
Puis, quelque chose attira son attention, une affiche, mais ce qui était écrit le surpris, il en avait même peur:

Citation :: Si vous vous souvenez d'Hayël Tykstraverr, venez à la taverne du Grand Bouchon à minuit.
S.Y.

Ces initiales, S.Y., serait-ce celles de Stohlker Yavelidropen ? Il n'y avait aucun doute, sans doute ce malfrat avait en l'idée de tuer tout les survivants, à moins que Ramzteïn ne devienne paranoïaque.
Il caressait lentement son clairon bleu, il avait tellement de choses à faire dont il n'en avait pas envie, tuer les instrumentistes invoquateur, tuer les survivants prisonniers, et tout cela pour quoi ? Pour lui, pour sa raison d'être et de vivre, même s'il ne savait pas si cela allait marcher, il devait quand même essayer.
C'était décidé, à minuit il irait dans cette taverne.

Décidément, cette chasse à l'homme commençait à ennuyer serieusement Cael. Cela faisait plus de deux jours que son enquête était au point mort. Il n'avait plus pu avoir d'information de la part de Sedura, et quant à ce Ramzteïn, il devait ne jamais avoir existé. Il avait beau interroger tout le monde -il s'était même rendu aux archives du royaumes, mais celles-ci traitaient plus de commerce que de personnes, en vain- c'était à chaque fois la même réponse qui sortait. Et pourtant, à moins d'être un ermite isolé dans un endroit inconnu de tous, il y avait forcément quelqu'un qui devait connaître ce Ramzteïn !
Le jeune homme tapa du poing rageusement, se demandant quand est-ce qu'il en aurait terminé avec cette histoire, mais il s'écorcha légèrement la main. Celle-ci avait bêtement froté contre la surface plate d'un cloup, et un peu de peau s'était arrachée. Cael lecha sa main, et regarda ce que disait l'affiche. En la parcourant sommairement, il vit là un simple rassemblement légèrement suspect de quelconques malfrats, pour une obscure négociation... En même temps, un message si peu explicite faisait tellement penser à un code.
Les groupuscules des bas fonds étaient les derniers milieus qu'il n'avait pas sondé, et son intuition lui disait que ce SY pourrait peut-être savoir qui était ce Ramzteïn... Cela paraissait totalement improbable, mais ce n'en était pas pour autant impossible.

Le jeune homme se rendit d'un bon pas, alors que les ombres s'allongeaient, vers la taverne du Grand Bouchon. Une fois sur place, il glissa une pièce sur le comptoir, et alla s'installer sur un fauteuil au fond de la pièce, qui perdait de son rembourrage, afin d'attendre minuit. Durant ce temps, il s'assoupit légèrement, ne dormant que d'un oeil et se réveillant en sursaut de temps en temps.

Minuit.
Ramzteïn sortit de son hôtel et couru vers la taverne du Grand Bouchon.
Cette taverne n'était pas des plus propres, la poussière flottait dans l'air et il n'y avait pas grand monde, juste un homme assis sur un fauteuil au fond de la salle et un vieillard assis au comptoir.
Ramzteïn se dirigea vers le comptoir et s'y accouda, attendant de voir des anciens prisonniers surgirent.
Un petit cliquetis de cloche retentit alors, une silhouette sombre entra dans la taverne, mais le jeune homme reconnu ces cheveux violets et ce rouge autour des yeux, c'était Zanzie, il n'avait pas remarqué Ramzteïn, il se dirigea vers un fauteuil au fond de la salle et s'y jeta, essoufflé.
La cloche de la porte retentit de nouveau, une personne entra, les cheveux en bataille, les yeux rouges, les habits sales et déchiquetés, cela ne pouvait être que Frayëlyn, il se dirigea vers le comptoir et commanda une bouteille de vin rouge qu'il paya avec de l'argent sûrement volé.
La cloche retentit de nouveau, cette fois deux hommes entrèrent, ils riaient aux éclats, l'un avec un tatouage sur le front et l'autre avait un manteau avec de la fourrure, c'étaient bel et bien Iel et Pradel, ils étaient amis depuis la prison, mais aucun d'eux ne semblèrent avoir reconnu Ramzteïn, après tout ils ne les avaient jamais vu lors de leur incarcération.
La cloche retentit de nouveau, ça en devenait lassant, mais cette fois c'était une personne qui connaissait Ramzteïn.
Il avait les cheveux violets et il portait une chemise noire, c'était Stohlker, et ce dernier cria:

-Ça alors, Ramzteïn !

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Quetza errait dans les rues désertes de Im, attendant tranquillement minuit.
Il était déjà minuit et demi lorsqu'il vit une horloge, il couru droit vers le Grand Bouchon, percutant des tonneaux de vins ou des voleurs qui n'auraient pas dû se trouver là.
Il arriva enfin devant la taverne, il entra, une petite cloche signala son arrivée.
Il guettait, cherchant du coin de l'oeil Ramzteïn, tout ce qu'il voyait c'était Stohlker, Zanzie, Iel, Pradel...pas de Ramzteïn, enfin il failli partir lorsqu'il vit une personne aux cheveux rouges avec Stohlker, il s'approcha...

*Hohoho, c'est le pot au roses, ça !*

Cette réunion semblait pour le moins des plus douteuses. Les personnes semblaient se connaitre, mais ne c'étaient dit mot, hormis une brêve exclamation de la part d'un des hommes. Finalement, son l'intuition l'avait bien guidé : désormais, il savait que Ramzteïn était dans la pièce, mais comble de la malchance, il avait les yeux fermés quand il avait entendu son nom.
Ne voulant pas trop dévoiler sa position, Cael continua de feindre l'ivrogne endormis, un oeil au trois quart clos afin de voir, et l'autre fermé. Il eut rapidement le temps de faire un bilan des personnes présentes... autant dire que ces gens devaient avoir une attirance pour les bals masqués : entre les cheveux violets, rouges, blonds, et un autre violet, il y avait de quoi monter un cirque...

Toujours mimant l'assoupi, Cael s'interrogea sur le but de cette réunion : ces types ne semblaient pas être une énième bande de voyous, mais vraiment la fine fleur -si on pouvait appeller ça comme ça- du crime. Si ce groupe le découvrait et se liait contre lui, il y laisserait sûrement quelques plumes. Il espérait au moins que si cela venait à se produire, il pourrait puiser dans ses réserves plantigrades.
Mais avant de penser à cela, il y avait sûrement un moyen de les faire se cogner entre eux. Certes, ce n'était pas très héroique, mais un héros mort ne valait pas grand chose. Il s'interéssait à Ramzteïn, du fait de son enquête, et il faudrait voir pour le rallier de son côté, si les choses tournaient mal...

-Alors les gars, ça fait un moment qu'on ne sait pas vu et le jour où l'on se retrouve enfin on ne se parle pas ?

-Pfff, c'est pas comme si je t'avais déjà vu...

-C'est vrai, on est venu ici parce qu'on a vu l'affiche, mais on ne connaît pratiquement personne.

Stohlker fit un clin d'oeil suivit d'un sourire maléfique à Ramzteïn, puis levant les bras en l'air, il criait:

-Mes amis !
Cela faisait si longtemps, on en a vu des choses horribles durant notre évasion...

Stohlker s'arrêta, il souleva le pan de son pantalon déchiré et en sortit un engin pour le moins étrange, une sorte de bâton en métal, puis le pointant sur le vieillard assis à côté de Ramzteïn, il tira avec son doigt un tout petit levier.
Un énorme bruit d'explosion retentit alors, puis après le vieillard c'était au tour du barman qui s'effondra sur le sol, inerte, le sang ruisselant sur le parquet poussiéreux.
Puis le jeune homme se retourna, le sourire au lèvre, continuant son discours comme si rien ne s'était passé:

-Je vous ai invité ici pour qu'on parle.
A vrai dire, le jour de l'incendie, j'ai couru de toute mes forces, puis si je vous disais ce qui m'est arrivé vous ne me croirez pas.

-Et pourquoi pas ? Plus rien ne m'étonne mon caillon.

-Ah...Un dragon.
Oui vous avez bien entendu, durant mon évasion un dragon est venu me voir et m'a donné cet instrument ver...un clairon vert.
Et sans le savoir je me suis trouvé ici, j'ai rencontré des personnes avec qui j'ai pu me faire une vie sociale sans problème.
Mais la mort de mon cousin, Andrew Kolisk j'ai dû vous en parler, m'a littéralement terrassé, c'était mon confident.
Heureusement qu'une jeune femme était là pour me sauver, une femme qui se trouvait être comme moi.
Mais...ces derniers jours j'ai entendu parler d'un meurtre...et pas n'importe lequel, celui des deux frères Warnilov !
Je vous préviens, je sais que ce tueur est un ancien prisonnier, et si j'entends encore parler d'un meurtre, ça va mal finir, c'est compris ?!
Je ne veux plus avoir de putain d'ennui, c'est clair ??!!!

Le silence régnait dans la taverne, Zanzie se leva, tapotant légèrement ses vêtements qui avaient pris la poussière du fauteuil puis d'une voix morne il répliqua:

-Moi j'ai eu moins de chance, le jour de l'incendie je me suis fait attrapé par les gardiens, je peux vous dire que j'en ai bavé.
Heureusement qu'un prisonnier est venu m'aider ce jour là sinon je serais mort, mais je ne pense pas qu'il ait survécu lui, de toute façon avec ses longs cheveux roses il passait pas inaperçu.
Ensuite je me suis perdu dans la forêt avant de retrouver cette foutue lisière où j'ai pu retourner ici, j'avais des choses à faire.

Iel décida de s'asseoir au comptoir avant de conter son évasion à son tour:

-Moi je me suis fait courser par Jack le gardien, j'ai réussis à le semer puis j'ai erré quelques semaines dans le désert avant qu'une personne ne me trouve et ne m'emmène à F'len où j'y suis resté quelques jours...d'ailleurs il y cours de nombreuses rumeurs, finit-il tout en regardant Quetza, puis il prit la bouteille de Frayëlyn et en bu une gorgée.
Ce dernier n'a pas trop aimé se faire prendre la bouteille, il sauta par dessus le comptoir, puis tout en cherchant du vin il conta son histoire:

-Oh moi rien de spécial, j'ai couru vers la forêt, je me suis retrouvé à F'len puis à Im.

Pradel lisait tranquillement son livre avant de prendre à son tour la parole d'une voix solennelle:

-Moi c'est comme pour Frayëlyn, par contre à F'len j'ai reçu un message par pigeon voyageur de Corneus, cet abruti était parti dans la direction opposée à la forêt, dans sa lettre il me parle d'un pays envahi par le froid, le sol est blanc et froid, comme la neige mais en plus dur.
Je pense surtout qu'il a su qu'il allait mourir dans son délire.

Les regards se tournèrent vers Ramzteïn, ce dernier était désemparé, il venait d'apprendre beaucoup de choses, que Stohlker était bel et bien un instrumentiste invocateur, mais surtout que ce Andrew Kolisk était son cousin.
Le jeune homme se leva, regardant Stohlker dans les yeux:

-Je me suis dirigé vers la forêt lors de l'incendie, comme je ne la trouvait pas je m'étais réfugié dans un bateau, mais il a explosé...
Dans la forêt, j'ai perdu Rafaël de vue, je me suis fait courser par un Satyre, je suis entré dans un temple où je me suis fait bouffer par un dragon à trois têtes.
Puis je me suis retrouvé au Cratère de Dragon où on m'a confié un clairon bleu, je suis sorti des montagnes, je suis tombé sur des filles instrumentistes invocatrice, je me suis battu contre de nombreux autres invocateur, puis sans le savoir je me suis retrouvé ici, et j'ai perdu le contact avec les deux filles...Stohlker, j'ai tué Andrew, et toi, as-tu tué Alexandra et Julia ?

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L'ambiance était tendue, Quetza venait enfin de retrouver Ramzteïn, mais il ne pouvait pas le tuer maintenant sinon Stohlker le traquerais, il vaut mieux ne pas plaisanter avec lui.
Le jeune homme ne savait même pas de quoi ces deux prisonniers parlaient, et comme personne ne semblait lui demander le récit de son voyage alors il se tut, attendant le dénouement de cette crise.
Mais, il paraît que le fous ont quelques chose de plus par rapport aux autres, peut-être l'intuition, mais cet ivrogne qui dort n'a t-il pas un oeil semi-ouvert ?

La conversation devenait un chouilla plus complexe : bien qu'ils soient sur leurs gardes, ces types, apparament d'anciens prisonniers, n'avaient pas hésité à raconter chacun leur court morceau de vie depuis leur évasion... C'est à croire qu'elle était miraculeuse.
D'un côté, cette réunion servait légèrement ses interêts : celui qui semblait être le meneur, du moins un des plus costaud, avait décidé de mener une vie pacifique, et ne voulait plus aucun grabuge. Une oportunité pour convaincre Ramzteïn de cesser ces meurtres, et de le convaincre à se mettre lui même "hors d'état de nuire" comme le voulait la reine. Ce terme était tellement flou qu'une simple volonté de paix pouvait convenir... Et dans ce sens, c'était plutôt pratique. Ces types avaient le droit à une nouvelle vie, comme lui-même en avait eut le droit, après tout.
Mais ces passages dans ces prisons inconnues devaient sacrément les avoir blessés. Ces types ne semblaient pas tous très sain d'esprit.
Cael reporta son attention sur un des prisonnier, un blond, qui pour l'instant n'avait pas encore dit mot de la soirée. Et si on alliait cela à l'élimination du personnel de la taverne -d'ailleurs le jeune homme se demanda pourquoi il ne s'était pas fait tirer dessus-, cela rapellait bien que ces types là n'étaient pas des enfants de coeur. Si il voulait éviter que cela ne tourne mal, il faudrait la jouer serré...