Quête : un trésor enfoui...

Alors, tel était le secret... Dire qu'Arasi le possédait depuis le début, sans même s'en souvenir durant toutes ces investigations. Son esprit avait-il, trop jeune, préféré enfouir la vérité, trop indigne de la royauté et même d'une famille banale ?

Pire, si toute cette soirée n'avait jamais eu lieu, le secret se serait perdu, n'ayant pu être transmis de parent à enfant. Et pourtant, le sourire et le rayonnement de la reine étaient tout autres, Arceus le sentait, lui aussi l'éprouvant un peu, beaucoup moins cepandant, du fait de son point de vue extérieur.

Mais finalement, l'histoire était-elle magnifique ou macabre ? "L'amour excuse les erreurs", avaient dit les reines... Après tout, quelle était la valeur de la morale humaine face à des sentiments naturels.

Peu après avoir raconté le souvenir, Arasi s'assombrit, paraissant d'un coup décontenancée, voire inquiète.

Tu t'es marié ?

La question était directe, tellement directe qu'Arceus n'aurait pas pu la voir venir, tant elle était inattendue. Enfin, peut-être le fruit d'une digression de la reine dans son esprit.

Mh... Et bien, avant de venir en Im j'ai été marié, en effet, par les lois et pratiques Dorniennes; à l'époque de mon départ pour Im, qui m'a forcé à m'éloigner de mon épouse...

Dorn étant plus une sorte de confédération de petites entités distinctes et non un grand corps structuré, mais il était probable qu'une tradition d'un allié officiel puisse avoir une valeur d'acte officiel à l'étranger.
Mais outre la loi, Arasi lui refit penser à celle qu'il avait laissée malgré lui pour respecter le code Mugen de partir à l'aventure.
En ce moment, elle devait avoir atteint elle aussi le stade où elle partirait pour l'inconnu, et ils s'étaient promis de se retrouver en Im... Se reverraient-ils sous peu ? La jeune femme était une des rares personnes à avoir acquis son amour... Au fond de lui il savait qu'ils se retrouveraient ici, dans ce pays.

J'imagine que cette union doit être valable ici également.
Mais, pourquoi cette question, Arasi ?

Imperturbable, ses pensées l'avaient fait parler le regard dans le vide, ce qu'il voyait étant en fait tous ses souvenirs et tous les enchaînements depuis son départ international. Le cadre de la chapelle se prêtait idéalement à ce moment de fin de course, les premières incertaines lueurs du soleil naissant donnant une apparence surnaturelle à toute chose, et l'écho donnant une gravité et une profondeur étranges à chaque parole.

Arasi ne savait pas trop pourquoi elle avait posé cette question.
En fait, elle se moquait bien de la vie d’Arceus…
Il ne l’avait jamais intéressé, son aide était précieuse mais l’ « amitié » que lui voue Arasi est purement commerciale. Il ne lui inspire qu’un profond mépris avec ces allures de chevalier servant, manipulateur et réfléchi…
Ce que Arasi pouvait haïr les hommes réfléchis, qui n’avaient aucune attitude spontanée !
Elle jugea que sa femme ne devait pas être heureuse mais si elle était si loin de lui aujourd’hui, peut-être qu’elle ne l’aimait pas tant que ça…
Arasi devait maintenant répondre à Arceus, mais pour lui dire quoi ?
Félicitations, ce que tu es chanceux, bravo, où es ta femme ?

Parce-que je suis folle de vous ; mentit Arasi.

Elle souriait bêtement, sachant pertinemment qu’elle n’avait aucun sentiment pour celui-ci, bien au contraire.

Elle ria de on cœur, des larmes lui montaient aux yeux tant elle éprouvait de la joie et finit par tapoter l’épaule d’Arceus :

- Je plaisantais ; détendez-vous un peu.

Arasi marcha quelques mètres, sa robe frôlait le sol par endroits, elle leva les yeux au ciel et eu une pensé pour ses parents défunts et sortit enfin de cette chapelle.
Elle ne savait pas comment passer le restant de sa journée, elle avait bien envie de s’amuser mais les évènements de la veille, les meurtres de ces convives, l’obligeait à contenir sa joie en publique et à se montrer triste.
Bien que depuis longtemps, elle avait cessé de pleurer les morts.
Elle ne souhaitait qu’une chose : assassiner le magicien.
C’était de sa faute, entièrement, et il devait mourir.

Vous semblez étonnamment tendue et imprévisible...

[/i]Un dilemme paradoxal semblait mettre la jeune femme aux prises avec d'insondables velléités empreintes de veuleries, ce qui transigeait avec la pugnacité usuelle de la monarque, dont l'allégresse de l'us était si coutumière.[/i]

Mais nous perdons de vue le fil du mystère, et le trésor, qui demeure introuvable !

Répliqua le bretteur, aux aguets de quelque mimique significative sur les traits de son interlocutrice. Ex cathedra, son discours était si équivoque qu'une désambiguïsation était astreinte, aussi Arceus escompta-t-il faire basculer l'objet des propos et revenir à l'effectualité.

Outre ces pensées en somme bien simples et claires à comprendre, il était patent que la Reine était amatrice de rhétorique dolosive, ce qui faisait éprouver une telle inimité à l'ambassadeur qu'il désirait stopper ce genre de sujet.

Arasi, désirez-vous encore chercher ce trésor ?

Peut-être l'attrait de l'or ranimerait-il un peu la femme en état avancé de dépression agressive.

Le trésor ? Oui sans nul doute mais je pense que nous devrions attendre quelque peu, il faut que je travaille au château aujourd’hui.
Après la catastrophe du banquet d’hier !
Il faut réparer les dégâts, j’imagine que tu me comprends.

Arasi souri vaguement, le regard dans le vide.

Ecoutes Arceus, je te propose de me rejoindre ici même dans quelques jours, je t’enverrai un messager pour te prévenir. Va rejoindre ta femme en attendant.
Qu’en penses-tu ?

Arasi plongea sa main dans son décolleté et en retira un une clef qui pendait à son coup.
Elle se dirigea vers un mur, déplaça une poterie et enfonça sa clef dans une serrure invisible un instant à peine.
Elle poussa le mur de pierre, adressa un signe de main à Arceus et referma la porte derrière elle, songeuse, de cette nuit fort agitée…

Avant que la Reine ne puisse partir, Arceus répondit rapidement.

Bien sûr, la soirée n'a pas laissé les lieux dans le même état qu'auparavant, il faut refaire tout ça. Mais, cela dit, j'adorerais pouvoir retrouver ma femme, ainsi que ma demeure, mais j'ignore ou se trouve mon épouse, et mon habitation est située à un jour et demi de marche, ce qui donne trois jours de voyage, pour à peine un ou deux jours pleinement passés chez moi...
Cette solution m'est très peu profitable, mais je saurai me plier à tes souhaits, si tu le demandes.

Sur ce, je te prie de passer une bonne journée, j'espère qu'elle te sera profitable.

Pour l'instant, l'ambassadeur de Dorn ne savait trop quoi faire, voyager chez lui ne représenterait aucun profit, et il ne voulait pas gêner dans l'activité prochaine du château. Enfin, il aviserait si on le lui demandait. Maintenant que le jour était bien revenu, et que la matinée était déjà fort avancée, il décida de marcher dans les jardins et les pièces d'apparat du château, en qualité d'émissaire officiel. Peut-être rencontrerait-il quelque personne d'intérêt.

Dans la pièce d'allocution, un valet le trouva, et lui signifia un message en attente du centre continental d'informations, Arceus alla immédiatement se saisir de l'appareil et fut rapidement en communication avec le préposé de la fois précédente.

Vous revoilà ! J'ai trouvé en cherchant plus profondément quelques renseignements qui devraient vous sembler capitaux ! Les voilà, ils sont extraits de recueils hors classe, étant donné la nature des informations, enfin, écoutez bien.

Le Roi Léonard avait donc une fille illégitime, une certaine Lyse, en plus d'un fils légitime, Sadoc. Anoblie en secret sous la fausse identité de Léone d'Astoltat, Lyse, qui ignorait elle-même la vérité, se maria avec son demi-frère, alors que manifestement seuls les époux royaux connaissaient la situation des époux princiers. Leur succession est certifiée être biologique, sans avoir montré de problème majeur.

Arceus était consterné. Tous les efforts de recherche dans le passé étaient balayés par une facilité incroyable, qu'ils avaient loupée de si peu. Toutes ces théories et remises en question, alors que la réponse n'était que disponible, prête à être lue ! D'un autre côté, il était plutôt satisfait. La vérité était maintenant certaine, par ailleurs, la fiabilité de l'institution était prouvée, ainsi que la variété de ses informations. Tenté, il demanda.

Merci beaucoup. J'ai une dernière demande, si vous le voulez bien. Je mène une enquête pour... la sécurité de l'image de la famille Dénéa, et dans ce contexte, j'aurais besoin de connaître les éventuelles informations secrètes répertoriées sur Arasi Dénéa, et Loweleï Dénéa.[b]

Eut-il le temps d'inventer, les fausses raisons étant monnaie courante dans le domaine, après tout. L'homme lui répondit.

[b]Nos informations à ce sujet sont peu fournies, surtout à cause du fait que ce soit un chapitre récent. Mais j'ai quelque chose de plutôt surprenant, écoutez ça, ça concerne également un élément caché des naissances, celles des deux soeurs en l'occurence.

(...)

Et c'est ainsi qu'Arasi et Loweleï Dénéa furent élevées au château familial.
Evidemment, rien ne le prouve, mais nous pouvons citer une source assez fiable, à vous de déterminer si vous y croyez.

Passez une bonne journée, Excellence.

La surprise était totale. Cette révélation serait-elle vraie ? Arceus ne pouvait voir aucun moyen d'en être certain. Mais si les archives avaient raison, cela voudrait dire que... Non, il avait trop de mal à concevoir une réalité aussi tordue. Aussi préféra-t-il remiser ces pensées au fond de son esprit, allant se ressourcer à la grande fontaine du jardin principal, pour méditer. Le regard eprdu dans le vide, il resta là quelques heures, dans les taches de lumière, rares faisceaux perçant les feuillages.